LA FRANCE PITTORESQUE
Mystère (Le) du Jardin
d’Agronomie Tropicale à Paris
(Source : Paris Match)
Publié le mardi 21 octobre 2014, par Redaction
Imprimer cet article
A l’est du Bois de Vincennes, en limite des quartiers habités de Nogent-sur-Marne, se cache le jardin d’Agronomie Tropicale qui abrite 6.7 hectares dont un campus scientifique de développement et un jardin ouvert au public. On y trouve des pavillons d’expositions et des monuments commémoratifs en mémoire des soldats des colonies morts pour la France. Visite guidée.
 

Considéré comme l’un des jardins les plus romantiques de Paris et l’un des plus secrets, le Jardin d’Agronomie Tropicale vaut le déplacement. Étrange et sauvage, le jardin (inauguré en 1907 par l’exposition coloniale, puis racheté par la Mairie de 2003) présente de multiples facettes très intéressantes : un lieu de travail, un lieu de visite et de promenade, et un lieu de mémoire.

Les traces multiples qui s’y dévoilent sont autant de résonances sur l’Histoire du XXème siècle. Jardin au caractère éclectique et singulier parmi les jardins parisiens, son entretien est pourtant au quasi-point mort. Les statues endommagées par le mauvais temps, des serres complètement dévastées... Aucun doute, la réhabilitation des espaces naturels et les perspectives d’évolution du site sont pour l’instant à l’arrêt.

A la mémoire des Cambodgiens et Laotiens morts pour la France

A la mémoire des Cambodgiens et Laotiens morts pour la France (Jardin d’Agronomie Tropicale)

Une décision regrettable puisque un aménagement des espaces naturels pourrait immédiatement favoriser de nouvelles pratiques propres à augmenter la fréquentation du site. « Le travail à accomplir sur les espaces naturels accompagne la transformation qui s’inscrira dans la durée avec pour mission de rendre le site plus accueillant », écrivait pourtant l’an passé l’APUR (Atelier Parisien d’Urbanisme) chargé d’étudier et d’analyser les évolutions urbaines à Paris. Oui, la mission initiale était de transformer — rapidement — ce lieu en un lieu vivant, en un lieu de convivialité où chacun pourrait enfin se retrouver et s’exprimer.

Charme et mystère
Lors de notre balade, effectuée en pleine semaine, faute de pouvoir échanger avec les rares visiteurs, c’est face à soi-même et face à l’Histoire que l’on se retrouve. Sans forcément être ébloui par la beauté de ces monuments et pavillons de l’époque coloniale française, on s’interroge forcément. Ne serait-ce que par devoir de mémoire. Quelques minutes devant ces monuments aux morts qui rappellent les soldats de nos colonies morts au combat pour la France, quelques minutes de silence, et l’émotion nous submerge. Cependant, dans une nature sauvage, les vestiges à moitié recouverts par la végétation s’effacent — un peu comme notre Histoire — au fur et à mesure.

Entouré par les bambous, on pourrait s’attrister qu’un endroit magique et historique soit laissé désormais en friche. Pour autant, le charme et le mystère imprègnent les lieux. Une âme se balade, doucement, au dessus de nos têtes. Dans un calme des plus significatifs, notre balade se poursuit à travers les quatre stations principales du jardin. Le passé remonte subitement à la surface. Notre esprit se perd dans ce jardin où la végétation semble avoir repris ses droits. Pour le plus grand bonheur ou malheur de ses visiteurs.

Aurélien Tardieu
Paris Match

Accédez à l’article source

Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

Imprimer cet article

LA FRANCE PITTORESQUE