LA FRANCE PITTORESQUE
Chambre (La) momifiée du
jeune officier tué en 1918 sur le
champ de bataille
(Source : La Nouvelle République)
Publié le jeudi 16 octobre 2014, par Redaction
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Bélâbre. Ses parents avaient demandé que la chambre d’Hubert Rochereau, sous-lieutenant de carrière tué en 1918, reste en l’état. Volonté respectée. Et extraordinaire visite, cent ans après.
 

Les cigarettes contenues dans le paquet cartonné ont toujours la même odeur subtile de tabac anglais. Dans une fiole posée sur la table de travail, se trouve « de la terre de Flandre sur laquelle notre cher enfant est tombé et qui a conservé ses restes pendant quatre années », comme l’indique l’étiquette. Hubert Rochereau est né dans cette chambre le 10 octobre 1896. Depuis son décès, survenu sur le champ de bataille, le 25 avril 1918, la pièce est restée telle que le jour de son départ pour la grande guerre. Une inoubliable remontée dans le temps.

Chaussures éperons et casque à pointe
La belle maison bourgeoise appartenant à la famille Fabre se trouve dans le bourg de Bélâbre. Daniel Fabre, conseiller d’État aujourd’hui à la retraite, est presque surpris de notre intérêt. L’histoire qu’il va nous raconter est pourtant extraordinaire. Tout commence en 1935, quand la famille Rochereau décide de quitter cette maison sans doute trop chargée de terribles souvenirs.

Rien n'a changé dans cette pièce. Une volonté respectée depuis 1918

Rien n’a changé dans cette pièce. Une volonté respectée depuis 1918

L’acte de donation serait des plus classiques s’il ne contenait cette clause étonnante : ceux qui prendront possession des lieux, doivent s’engager à ne rien toucher dans la chambre du fils unique trop tôt disparu, pendant une période de 500 ans ! « Cette clause n’avait aucun fondement juridique », sourit Daniel Fabre. Les propriétaires successifs – le grand-père de sa femme, puis M. Fabre et son épouse – vont pourtant la respecter.

Depuis près de cent ans, tout est donc resté en l’état. Les livres de classe de ce saint-cyrien enrôlé au 15e dragons, ces chaussures cloutées, un casque à pointe prussien, des drapeaux, une tenue militaire mitée, les éperons du jeune sous-officier de cavalerie, son masque d’escrimeur, ses pipes, ses pistolets de collection. Même le papier qui commence à partir en lambeaux, est d’époque.

Émouvant ? Daniel Fabre relativise. « Mon émotion irait plutôt à ceux qui n’étaient pas militaires de carrière et qui se trouvent sur le monument aux morts », un monument situé à proximité vers lequel notre interlocuteur pointe le doigt : « Eux n’avaient rien demandé. »
Reste maintenant à envisager le devenir de la fameuse chambre. Tant que les Fabre seront là, rien ne bougera. La suite de l’histoire ne leur appartiendra sans doute pas. Mais comment imaginer que l’on puisse un jour toucher à cette chambre devenue une véritable relique ?

Bruno Mascle
La Nouvelle République

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