LA FRANCE PITTORESQUE
Première récolte des Bourguignon
ou la réimplantation de vignes
dans un terroir oublié
(Source : La Dépêche)
Publié le samedi 4 octobre 2014, par Redaction
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Le pari fou des chercheurs Lydia et Claude Bourguignon, de faire pousser des vignes dans un terroir oublié, aux portes de Cahors, porte ses fruits. La preuve avec la première récolte cette année
 

Ils n’ont rien oublié. Les sourires en coin. Les sarcasmes. Les doutes des uns et les encouragements des autres. Hier matin, Lydia et Claude Bourguignon, microbiologistes de renom, ont ramassé leur première récolte, à Laroque-des-Arcs, aux portes de Cahors, en bordure de la vieille route de Paris. La suite, émouvante, d’une aventure débutée en 2002 par la recherche d’un terrain, et poursuivie en 2008 par la plantation de six hectares de blanc et de rouge. 150 ans qu’on n’avait pas vu ça à Laroque-des-Arcs.

Alors, hier, l’émotion était palpable dans les rangées de vigne. Sécateur et sceau en main, les Bourguignon ont sélectionné, grain par grain, leur récolte. Elle n’est certes pas très abondante mais c’est un début prometteur : « On nous a pris pour des fous, lâche Lydia, la larme à l’œil. Mais on savait qu’on ne faisait pas n’importe quoi, même si on a été retardé par la grêle en 2013. »

En prospectant dans l’aire de l’AOC Cahors, les Bourguignon avaient acquis une certitude : « Ici, la qualité des sols est incomparable », martèlent-ils. En soulevant une poignée de terre et en vous la mettant sous le nez, Claude Bourguignon emporte l’adhésion... Il y voit une similitude avec la... Bourgogne.

Laroque-des-Arcs (Lot)

Laroque-des-Arcs (Lot)

Hier matin [2&nbs;octobre], la récolte s’est poursuivie sous le soleil : « On devrait arriver à sortir un millier de bouteilles de rouge et un peu moins de sauvignon. Mais ce qu’on a goûté est prometteur. » Les Bourguignon ont utilisé la technique bourguignonne avec des plantations de haute densité de 9 000 pieds par hectares, quand la moyenne est de 5 000 dans l’AOC. Une AOC dans laquelle les vignes des chercheurs ne figurent pas. C’est de l’autre côté de la route que passe l’aire de l’appellation. Pas de quoi gâcher le plaisir d’une première récolte qui en appelle d’autres.

« Des sols incomparables »
Ils en ont vu des terres et dans le monde entier, Lydia et Claude Bourguignon. Leurs pas se sont arrêtés sur des terres frappées par le phylloxera, il y a 150 ans : « Ici la qualité des sols est incomparable, s’enthousiasme Claude Bourguignon. Nous n’avons pas sorti les cailloux et nous avons respecté le milieu. » Des céréales ont été plantées pour restructurer le sol avant de placer les porte-greffe.

Puis, les arbres aux alentours ont servi à fabriquer du bois raméal fragmenté (BRF), petits morceaux de bois encore verts, qui a été épandu au pied des vignes : « Nous sommes sans doute le premier vignoble de France en BRF », sourit Claude Bourguignon. Bien entendu, la nature a fait son effet, aucun produit ni pesticide n’étant déversé sur les cultures. Un vin 100 % bio. 100 % Bourguignon !

Laurent Benayoun
La Dépêche

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