LA FRANCE PITTORESQUE
Nains célèbres
(D’après un article paru en 1834)
Publié le mercredi 13 janvier 2010, par LA RÉDACTION
Imprimer cet article

DE QUELQUES NAINS CÉLÈBRES
(D’après un article paru en 1834)

Parmi les hommes remarquables par leur petitesse, dont les annales de la science ont conservé le souvenir, il en est quelques-uns qui ont acquis un certain degré de célébrité. Tels sont Jeffrey Hudson, né en 1619 ; Joseph Borwilawski, gentilhomme polonais, et Nicolas Ferry, dit Bébé, né en 1741.

Jeffrey Hudson fut présenté dans un pâté, à huit ans, par la duchesse de Buckingham, à la reine Henriette-Marie, femme de Charles Ier d’Angleterre ; à trente ans, il avait de hauteur 18 pouces anglais, qui en valent 17 des nôtres ; mais, à cette époque de sa vie, il commença à grandir, et finit par atteindre dans sa vieillesse la taille de 3 pieds 9 pouces anglais (3 pieds 6 pouces). Encore jeune, au milieu d’une fête de la cour, on le vit sortir, à la grande surprise des spectateurs, de la poche d’un employé du palais, dont la taille était, il est vrai, gigantesque. Le poète Davenant a composé en son honneur un poème intitulé la Jefferéïde, où il célèbre, entre autres exploits, une victoire remportée par Jeffrey contre un coq-d’inde.

En 1744, Jeffrey accompagna en France la reine Henriette ; un Allemand, nommé Crofts, s’étant laissé aller, sur son compte, à des plaisanteries que Jeffrey ne voulut point supporter, on en vint à un duel ; Crofts parut armé d’une seringue. Nouvelle fureur du nain, qui forçant son adversaire à un combat sérieux, à cheval et au pistolet, le tua du premier coup de feu. Jeffrey mourut en 1682, dans la prison de Westminster, où il était renfermé sous le poids d’une accusation politique.

Le nain Borwilawski, gentilhomme polonais, est célèbre par la variété de ses talents ; il écrivit lui-même son histoire, et sa réputation s’étendit dans toute l’Europe ; il présenta, comme Jeffrey, le phénomène d’accroissement de taille dans sa vieillesse.

Mais un nain qui a été un sujet intéressant d’observation pour les savants contemporains, est Bébé, né dans les Vosges, et dont le squelette est conservé dans les collections anatomiques du Muséum d’histoire naturelle. - Il était si petit, qu’on le porta au baptême dans une assiette garnie de filasse, et qu’il eut pour premier berceau un gros sabot rembourré. - Examiné à cinq ans par le médecin de la duchesse de Lorraine, il pesait 9 livres 7 onces, et était formé comme un jeune homme de vingt ans. Il fut conduit à la cour de Stanislas, pour qui il se prit d’une grande affection, et qui à son tour l’aima singulièrement. Ce prince chercha à lui faire acquérir de l’éducation ; mais Bébé, bien différent des deux nains dont nous avons parlé, ne put jamais apprendre à lire ; il ne sut jamais que danser et battre la mesure. Cependant il demeura vif et gai jusqu’à l’âge de quinze ans, où sa gentillesse l’abandonna ; il subit à cette époque une sorte de vieillesse prématurée, qui se termina à vingt-deux ans par sa mort. Il avait alors 33 pouces, tandis qu’il n’en comptait que 29 à quinze ans. On l’avait fiancé, vers la fin de sa vie, à une naine, nommée Thérèse Souvray, qui existait encore vers 1822, époque où elle vint se montrer Paris.

Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

Imprimer cet article

LA FRANCE PITTORESQUE