TROISSEREUX (Les Seigneurs de)

Cet ouvrage du marquis de Corberon, devenu rare, voire introuvable, a pour premier mérite d’exister : il est, en effet, le seul qui retrace l’histoire de la seigneurie de Troissereux du XIIe siècle à la fin du XVIIIe, d’après des archives privées « aujourd’hui disparues ou inaccessibles ». Son second mérite réside dans la qualité même du travail effectué. Les recherches de l’auteur auraient pu aboutir à un livre important, mais à la lecture fastidieuse, or il n’en est rien : la richesse des informations fournies ne nuit aucunement au charme des évocations.

Qu’il s’agisse des origines anciennes du lieu, habitat gallo-romain dont on a retrouvé des traces à la fin du XIXe siècle ou de la naissance du fief, que l’on peut raisonnablement situer au début de l’époque féodale, le premier document datant de 1152, le ton est alerte, agréable, parfaitement intégré au récit. De même la description détaillée du domaine et l’allusion au triste sort du château originel : « Au temps de la Ligue, les habitants de Beauvais décrétèrent la destruction de Troissereux et l’on croit qu’ils le brûlèrent, c’est la tradition du pays ».

L’histoire de la seigneurie est relatée, elle aussi, avec talent, le recensement des différentes familles qui régnèrent sur les lieux, de celle de Troissereux (XIIe siècle) à celle de Corberon, décimée à la Révolution, en passant par les de Milly, de Chateauvillain, de Sains, de Reims, de Roye, de Lannoy (...), étant nourri de données biographiques, historiques et généalogiques : « Jean I de Châteauvillain accompagna saint Louis en Terre sainte...