DELINCOURT (Histoire de)

Certains historiens de la fin du XIXe siècle, nostalgiques de l’Ancien Régime, n’ont pas manqué dans leurs ouvrages consacrés à cette époque majeure de notre histoire, d’en donner une image par trop idyllique.

L’abbé Baticle, lui, qui n’hésite pas à dédier sa monographie sur Delincourt « à la mémoire d’une paroisse chérie et des glorieux ancêtres de la noble et antique famille des Martel », n’en demeure pas moins, pour autant, un chroniqueur rigoureux qui base son récit sur une étude méthodique des archives (chartrier du château, minutes de notaires, papiers de familles, précis statistiques, dénombrements d’aveux, registres paroissiaux, inventaires...) et sur la prise en considération des faits avant toute autre chose. Ainsi, outre les informations précises qu’il donne sur la seigneurie (les prêtres de Saint-Mellon seigneurs de Delincourt et leur mission, les droits seigneuriaux et leur valeur selon les époques, les redevances du fief et leur ancienneté, l’exercice du droit de justice et des exemples de condamnations...), il critique aussi les vices du système sans ménagement.

Il montre à quel point « les pauvres serfs se sentent isolés », précise cependant que ce sont les abbés de Saint-Mellon qui les ont libérés, bien avant la charte d’affranchissement, en leur accordant « une terre, une vigne et une habitation », révèle que les droits seigneuriaux se sont modifiés dans le cours des âges...