La plupart des faits de guerre nous sont rapportés dans des ouvrages qui fourmillent d’hécatombes et de récits de batailles, écrits généralement par des stratèges soucieux de se justifier devant la postérité ; rien de tel, ici, avec ce livre de Louis Lacroix, honnête homme s’il en fut, qui « ne se pique de rien », mais s’intéresse à tout et qui, confronté à une situation d’exception - l’invasion de la ville de Nancy en 1870 - rédige une chronique précise et vivante des événements, dans l’urgence, comme pour sauver ce qui peut encore l’être : l’honneur des Nancéiens et leur dignité, face à une catastrophe contre laquelle chacun se sent impuissant, la cité lorraine étant dépourvue de garnison et de tout moyen de défense.

Pressé par la nécessité, Lacroix tient avant tout à restituer devant l’histoire cette réalité difficilement soutenable que rien, pas même l’écriture, ne peut exorciser ; ce faisant, il ne joue pas seulement un rôle de rapporteur de la vie publique, il brosse un tableau sans complaisance de la cité en ces temps troublés. Doté d’un beau talent de plume et d’un solide sens civique, il s’attache avant tout à la vérité des gens et des faits et s’efforce de nous la livrer avec une parfaite sincérité.

Lacroix nous propose un ouvrage aux perspectives multiples : le récit, au jour le jour, de la vie des Nancéiens (envahis), émaillé de mille détails, familiers ou insolites, tous croqués sur le vif ; la réflexion d’un esprit libre qui refuse les prises de position partisanes, mais s’exerce...

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