LA FRANCE PITTORESQUE
6 mai 1596 : mort de la duchesse
de Montpensier (Catherine-Marie de Lorraine)
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Publié le dimanche 5 mai 2013, par Redaction
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Fille du duc de Guise, assassiné devant Orléans (1563), cette princesse naquit en 1552, et fut mariée, en 1670, à Louis II, duc de Montpensier. La haine furieuse qu’elle portait au roi de France, Henri III, la rendit l’héroïne du parti qui se forma contre lui sous le titre de sainte Ligue.

On attribue cette haine à deux motifs, dont le moins solide n’a peut-être pas été le moins puissant. La duchesse de Montpensier était boiteuse, et Henri III l’avait blessée par des railleries sur cette infirmité. Sœur du duc et du cardinal qui périrent à Blois, Catherine avait leur mort à venger ; aussi la retrouve-t-on dans tous les complots organises contre la personne du roi.

Henri, qu’elle avait tenté une fois de faire enlever, lui ordonna de quitter Paris ; mais elle n’obéit pas, et continua ses manœuvres séditieuses, soudoyant des prédicateurs, et portant à sa ceinture des ciseaux, qui devaient lui servir, disait-elle, à tondre frère Henri de Valois. Jacques Clément vint puiser chez elle, et même, suivant la tradition, dans ses bras, l’inspiration du régicide. En apprenant que ses charmes n’avaient pas été prodigués en vain, elle sauta au cou du messager, et s’écria dans l’ivresse de sa joie : « Ah ! mon ami, soyez le bienvenu ! Mais est-il bien vrai au moins, ce méchant, ce perfide, ce tyran est-il mort ? Je ne suis marrie que d’une chose, c’est qu’il n’ait su, avant mourir, que c’est moi qui l’ai fait faire. »

Ensuite elle monta en carrosse avec sa mère, et se promena dans les rues de Paris, criant bonnes nouvelles ! et distribuant aux passants des écharpes vertes. Pendant le siège de Paris, elle se signala encore par sa fanatique énergie. A la reddition de la ville (22 mars 1594), elle demanda s’il n’y avait pas quelqu’un qui pût lui-donner un coup de poignard dans le sein. Dès son entrée, Henri IV lui envoya le bonjour, et la fit assurer qu’il la prenait sous sa protection particulière ; le soir même il la reçut et joua aux cartes avec elle : c’était pousser loin la clémence, ou la politique.

L’adroite duchesse avait feint de se réconcilier sincèrement avec le monarque. Toutefois, en 1595, le bruit s’étant répandu que le Parlement voulait faire rechercher les auteurs de tous les désordres commis durant la Ligue, elle conçut un tel effroi, qu’elle courut se réfugier dans le château de Saint-Germain, auprès de Catherine de Bourbon. Remise de sa terreur, elle revint à Paris, où elle finit ses jours l’année suivante, sans laisser de postérité. La nuit même où elle expira, le tonnerre se fit entendre : Lestoile, dans son journal, ne doute pas que ce phénomène n’eût un rapport direct avec l’esprit malin, brouillon et tempétueux de la duchesse mourante.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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