Si l’histoire n’a retenu que deux noms : ceux de Nicot et de Thévet, elle a ce faisant commis un oubli. Il n’est pas possible, en effet, d’exclure Jacques Cartier de toute participation à l’introduction du tabac en France.
C’est le premier Européen qui pénétra dans le Saint-Laurent, et il fit successivement trois voyages au Canada : le premier en 1534, le second du 19 mai 1535 au 16 juillet 1536.
C’est dans le récit de ce second voyage que Jacques Cartier, parlant des indigènes, s’exprime ainsi :
« Ils ont une herbe dont ils font grand amas durant l’été pour l’hiver ; ils la font sécher au soleil et la portent à leur cou, en une petite peau de bête, en guise de sac avec un cornet de pierre ou de bois ; puis à toute heure, ils font poudre de la dite herbe et la mettent à l’un des bouts du dit cornet ; puis ils mettent un charbon dessus et soufflent par l’autre bout, tellement qu’ils s’emplissent le corps de fumée et que celle-ci leur sort par le nez, comme par un tuyau de cheminée. Ils disent que cela les tient sains et chaudement ; ils ne vont jamais sans lesdites choses ».
Sans aucun doute, Jacques Cartier qui s’était si vivement intéressé à l’usage que faisaient du tabac les riverains de Saint-Laurent, n’est pas rentré du Canada en 1535, en 1536 et en 1542, date de son troisième voyage, sans rapporter des graines et des feuilles d’une « herbe » qui lui avait paru si étrange. Ce qui n’enlève rien à maître Jean Nicot, véritable auteur de la fortune du tabac, qui l’a, en quelque sorte, lancé dans le monde.
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