LA FRANCE PITTORESQUE
25 mars 1825 : exécution de Papavoine
pour le meurtre de deux enfants
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Publié le samedi 23 mars 2013, par Redaction
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Un crime commis sans motif, sans autre intérêt que le crime même, est un événement rare dans les fastes judiciaires. Le procès de Louis-Auguste Papavoine en offrit l’exemple, et, comme à peu de distance cet exemple se reproduisit deux fois, on put craindre que ce nouveau genre de forfait ne devînt l’un des caractères du XIXe siècle, et ne se rattachât à des causes morales encore inconnues.

Papavoine était âgé de quarante et un ans. Fils d’un marchand de draps établi à Mouy, et destiné de bonne heure à la carrière administrative, il avait occupé une place au ministère de la marine, d’où il s’était retiré après la mort de son père, pour suivre les affaires de sa maison, qu’il trouva dans le plus grand désordre. Cette circonstance parut influer sur le caractère naturellement sombre et mélancolique de Papavoine, sans toutefois altérer la justesse de ses idées. Il était en réclamation au ministère de la guerre pour obtenir une fourniture, lorsqu’il vint à Vincennes le 10 octobre 1824.

Dans l’une des allées de ce bois, il rencontre une mère, qui prodigue ses caresses à deux jeunes enfants. Son imagination s’exalte, son jugement se trouble au spectacle d’un bonheur vif et pur, qui lui est étranger. Il court se munir d’un couteau, revient près de la mère : « Votre promenade est bientôt finie », lui dit-il d’une voix sombre ; et à l’instant, se penchant vers ses deux victimes, il les étend sans vie sur le gazon.

Arrêté peu de temps après l’assassinat, Papavoine essaya d’abord plusieurs systèmes de défense ; mais enfin, accablé par la force des preuves, il confessa son crime, sans pouvoir en assigner d’autre cause que l’obsession de quelques idées sombres, et qu’une certaine fermentation du cerveau. Condamné à la peine capitale, il persista dans cette déclaration, que les investigations les plus scrupuleuses ne démentirent pas, et monta sur l’échafaud avec courage.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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