11 mars 1597 : prise d'Amiens par les Espagnols, qui la perdront en septembre suivant

On connaît le stratagème par lequel les Espagnols s’emparèrent de cette ville : ils firent entrer des soldats déguisés en paysans, qui conduisaient une charrette chargée de noix.

Henri IV devant Amiens en 1597

A l’entrée de la ville, quelques sacs, ouverts à dessein, jonchèrent le pavé de noix qu’ils contenaient ; la garnison s’amusa à les ramasser ou à les piller. Dans cette entrefaite, des soldats que les Espagnols avoient mis en embuscade, s’emparèrent de la porte, et se rendirent dans la ville.

La nouvelle de cet évènement consterna Henri IV. « Quel malheur, dit-il à Sully ; Amiens est pris. Les Espagnols s’en sont saisis par la porte, en plein jour, pendant que ses malheureux habitants s’amusaient à se chauffer, à boire et à ramasser des noix, que des soldats déguisés, répandirent autour du corps de garde. »

Sully tâchait de le consoler. « Pensez-vous, répliqua le roi, reprendre sitôt une ville si grande, si forte et si bien munie ? » Puis, après avoir rêvé un moment : « C’est assez faire, ajouta-t-il, le roi de France, il est temps de faire le roi de Navarre. » Il monte aussitôt à cheval, et conduit son armée en Picardie.

Au mois de mai la ville d’Amiens est assiégée par le maréchal de Biron, et se rend, par capitulation, le 25 septembre suivant. Le duc de Mayenne se distingua à ce siège, sous les ordres de celui qu’il avait été sur le point de détrôner. Pour la première fois, les soldats furent employés aux travaux de la tranchée : ils regardaient auparavant comme indigne d’eux de remuer la terre.

Henri IV, ayant remarqué que les paysans qu’on y employait prenaient aisément l’alarme pendant les sorties, paya les soldats à la toise et fit partager, entre ceux qui n’avaient pas été tués en travaillant, toute la somme destinée aux travailleurs.