On sait combien la mort prématurée de ce jeune prince causa de regrets à la France. Digne élève de Fénelon et du duc de Beauvilliers, il faisait espérer un gouvernement tel que les sages de l’antiquité en imaginèrent. Jamais espérances ne furent plus cruellement et plus douloureusement trompées.
Ce fut la triste destinée de Louis XIV, de voir périr en France toute sa famille par des morts prématurées : sa femme à quarante-cinq ans, son fils unique à cinquante ; et un an après qu’il eut perdu son fils, il eut la douleur inouïe de voir son petit-fils, le dauphin, duc de Bourgogne, la dauphine sa femme, leur fils, le duc de Bretagne aîné, portés à Saint-Denis au même tombeau, tandis que le dernier de leurs enfants, monté depuis sur le trône, était dans son berceau aux portes de la mort ; le duc de Berry, frère du duc de Bourgogne, le suivit deux ans après ; et sa fille, dans le même temps, passa du berceau au cercueil.
On connaît les affreux soupçons que toutes ces morts si précipitées firent naître alors sur un prince de la famille royale ; soupçons que le temps a eu bien de la peine à détruire.
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