Philippe V était attaqué d’une mélancolie profonde qui le rendait quelquefois incapable de tout travail. Ce fut pour dérober cet état aux yeux de la nation, que ceux qui le conseillaient, se prêtèrent au projet qu’il forma d’abdiquer la couronne : il la résigna à son fils aîné don Louis, et se retira à Saint-Ildephonse, avec la reine, son confesseur et son ministre de confiance ; mais le jeune roi don Louis n’eut d’abord que les honneurs de la royauté ; c’était à Saint-Ildephonse que se décidaient toutes les affaires.
Cependant, quoique ce règne n’ait duré que quelques mois, les ministres du nouveau roi, tous nommés par Philippe, tentèrent de brouiller le père et le fils. On proposa, dans le conseil de Louis, de retrancher la moitié de la pension du roi Philippe, sous le prétexte du désordre des finances. Louis rejeta cette proposition avec l’indignation qu’elle méritait. Philippe en fut instruit ; et lorsqu’il remonta sur le trône, à la mort de son fils, il dit au marquis de Leyde, l’un de ceux qui avait opiné pour le retranchement, et qui lui devait sa fortune : « M. le marquis de Leyde, je n’aurais jamais cru cela de vous. » De Leyde se retira de la cour, et mourut de chagrin peu de temps après.
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