Jean-François Marmontel naquit à Bort, petite ville du Limousin, le 11 juillet 1723. Ses heureuses dispositions engagèrent ses parents à demander pour lui une bourse, qu’ils obtinrent dans un collège de Toulouse. Après avoir remporté quelques prix aux Jeux Floraux, il vint à Paris. Des protecteurs lui firent obtenir une pension de 1500 livres, comme historiographe des bâtiments du roi, et pendant deux ans le privilège du Mercure, qui lui valut 40 000 livres.
L’Académie Française l’accueillit, et il en tait secrétaire perpétuel, lorsque la révolution arriva. Au mois de mars1797, il fut nommé député au conseil des Anciens par le département de l’Eure. Après le 18 fructidor de l’an V, son élection fut cassée ; il se retira à Abbeville, village près de Gaillon. Il y mourut dans une espèce de chaumière qu’il avait achetée, et où il vivait solitaire, pauvre, et oublié.
Les premiers essais de cet écrivain furent des tragédies : il en fit jouer cinq en peu d’années : Denys le Tyran, Aristomène, Cléopâtre, les Héraclides, OEgyptus. Les deux premières, accueillies dans leur nouveauté, ne purent pas aller au-delà. Les deux suivantes eurent très peu de succès. La dernière tomba entièrement, et l’auteur parut renoncer depuis ce temps à la scène tragique, où il ne reparut que plus de trente ans après, avec sa Cléopâtre refaite, qui n’eut que trois représentations. Ses opéras, excepté Didon et Pénélope, ont tous été condamnés par lui-même. Ses opéras comiques ont réussi pour la plupart : Lucile, Sylvain, l’Ami de la Maison, Zémire et Azor, la Fausse Magie.
« Cet auteur, a dit un critique un peu sévère, fut un littérateur distingué, mais paradoxal (on connaît son étrange mépris pour Racine et Boileau) ; un poète dramatique froid, un écrivain souvent plus déclamateur qu’éloquent ; un versificateur dur, mais quelquefois piquant et original. Une foule d’ouvrages médiocres, dans différents genres, prouvent les ressources de son esprit. Ce n’est que dans ses Contes qu’il a montré un vrai talent, et sa conduite dans les dernières années de sa vie lui a fait encore plus d’honneur que ses Contes. »
La Harpe ne pensait pas ainsi ; il dit en parlant de Bélisaire : « Cet ouvrage est d’un genre élevé. Il est trop long, et a le grand défaut de commencer par être un roman, et de finir par être un sermon ; mais, malgré ses défauts, c’est là que se trouve ce que l’auteur, à mon gré, a fait de plus réellement beau. »
Parmi les œuvres posthumes de Marmontel, on doit distinguer ses Mémoires, dans lesquels il s’est peint avec assez de fidélité, et qui serviront à l’histoire de la littérature dans le dix-huitième siècle.
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