Charles de Lorraine, dit le cardinal de Lorraine, archevêque de Reims, de Narbonne ; évêque de Metz, de Toul, de Verdun, de Térouanne, de Luçon et de Valence ; abbé de Saint-Denis, de Fécamp, de Cluny, de Marmoutier, etc., était né à Joinville en 1525, de Claude de Lorraine, premier duc de Guise.
Quoique ce prélat ait été plus célèbre par ses talents et son ambition, que par ses vertus, il ne mérite pas les imputations odieuses dont on a chargé sa mémoire. S’il traita les calvinistes avec sévérité, le chancelier de l’Hôpital assure que ce fut à l’instigation de quelques conseillers imprudents qui nécessitaient de lui représenter que c’était le seul moyen d’extirper l’hérésie. La cruauté ne lui était pas naturelle. Devenu tout-puissant sous le règne de François II, et maître de se venger de ses ennemis, il leur pardonna généreusement. Olivier et l’Hôpital, deux ministres distingués par leur humanité, durent leur élevation au cardinal, qui assurément, s’il eût été sanguinaire, n’aurait pas employé de pareils ministres.
Le cardinal de Lorraine parut avec éclat au concile de Trente. Il possédait dans le plus haut degré l’art de la parole. Son éloquence forte et rapide entraînait tous les suffrages. En France et dans toute l’Europe, on l’appelait le Mercure français. Il plaisait d’ailleurs par son air noble, sa taille majestueuse, ses manières polies et affables.
La dévotion, qu’il a voit embrassée sur la fin de ses jours, fut la cause de sa mort. Henri III, à son retour de Pologne, s’était arrêté à Avignon, où était le cardinal. Ce prince, qui avait le goût des processions, en fit faire une à laquelle il assista avec toute sa cour, en habit de pénitent. Le cardinal de Lorraine, s’étant mis à la tête des pénitents bleus, et marchant comme eux les pieds nus, gagna une fluxion de poitrine qui l’emporta en peu de jours.
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