22 décembre 1641 : mort de Sully

Maximilien de Béthune, baron de Rosny, duc de Sully, l’ami de Henri IV, le restaurateur des finances, était né au château de Rosny, le 13 décembre 1559. Il signala d’abord sa valeur à la bataille de Coutras, à celles d’Arques, et surtout à celle d’Ivry, où il partagea les fatigues et la gloire de son maître. Aussi bon politique qu’excellent guerrier, il fut employé avec succès dans plusieurs ambassades, en Italie et en Angleterre. Devenu surintendant des finances en 1598, son administration tint en quelque sorte du miracle.

Avant lui on levait cent cinquante millions sur le peuple pour en faire entrer trente dans le trésor royal. Sully mit un si bel ordre dans les affaires de son maître, qu’avec trente-cinq millions de revenu, il acquitta deux cent millions de dettes en dix ans, et mit en réserve trente millions d’argent comptant dans les coffres du roi.

Les courtisans et les maîtresses de Henri IV, dont l’avidité s’irritait de son austère économie, avaient souvent travaillé à le desservir dans l’esprit de son maître — comme le mot oui sortait rarement de la bouche de Sully, les courtisans l’appelaient le ministre négatif —, et y avaient quelquefois réussi ; mais un mot d’explication entre le roi et son ministre, avait toujours dissipé le nuage et resserré plus fortement les nœuds de leur intimité, à la grande confusion des courtisans. On se rappelle ce fameux éclaircissement terminé par ces belles paroles du monarque : Relevez-vous, Sully, ils croiront que je vous pardonne.

Ce ministre qui résistait si fortement à l’avidité des courtisans, ne ménageait pas davantage les passions de son maître. Henri IV ayant eu la faiblesse de faire une promesse de mariage à la marquise de Verneuil, Sully, à qui ce prince la montra, eut le courage de la déchirer devant lui. Ventre-saint-gris, dit le roi en colère, vous êtes donc fou ? — Oui, sire, répondit Sully, et plût à Dieu que je fusse le seul en France !