Jean Pic, prince de la Mirandole et de Concordia, en Italie, était né le 24 février 1463, d’une maison illustre et souveraine. Il mourut à Florence, le jour même où le roi de France Charles VII fit son entrée dans cette ville.
C’est ce prodige de l’Italie, ce phénix d’une érudition précoce, qui savait, dit-on, vingt-deux langues à dix-huit ans. Comment sait-on vingt-deux langues, et surtout comment les sait-on à dix-huit ans ? Scaliger l’appelait monstrum sine vitio ; et on lui appliquait ce mot de Claudien :
Primordia tanta Vix pauci meruere senes. |
On connaît sa fameuse thèse de omni scibili. Malheureusement la magie et la cabale faisaient partie de cet omni scibili. Cette grande science en magie et en cabale, n’est guère préférable à l’ignorance de ce docteur, qui, en déclamant contre la thèse de Pic de la Mirandole, disait que Cabale était un vilain hérétique qui avait médit de Jésus-Christ, et dont les sectateurs s’appelaient Cabalistes. La thèse de Pic de la Mirandole avait fait trop de bruit pour ne pas exciter l’envie et la persécution : on l’accusa d’hérésie. Le pape Innocent VIII condamna treize propositions de cette thèse.
On a de Pic de la Mirandole des œuvres morales et chrétiennes. Il n’y a de littéraire dans ses ouvrages que trois livres sur le banquet de Platon. Il a écrit contre l’astrologie judiciaire, telle qu’on la pratiquait de son temps ; car il croyait qu’on avait eu tort d’abandonner la méthode ancienne, véritable et infaillible, de lire les destinées humaines dans les astres. Il croyait à la vertu des paroles, par la raison que Dieu s’est servi de la parole pour arranger le monde.
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