Cette paix mit fin à la guerre que Louis XV avait entreprise pour venger Stanislas, son beau-père. Louis XV, après la mort d’Auguste II, avait voulu faire rétablir Stanislas sur le trône de Pologne : le primat et la plus grande partie de la noblesse étant portés pour le prince, son élection eut lieu le 12 septembre 1733. Mais l’impératrice de Russie, soutenant les prétentions d’Auguste, électeur de Saxe, fit entrer une armée en Pologne, et une partie de la noblesse élut Auguste.
Les Russes, réunis aux Saxons, s’emparèrent de Varsovie ; forcèrent Stanislas à se retirer a Dantzig. Assiégé par une armée russe, commandée par Munich, il fut réduit à s’embarquer. Louis XV, ne pouvant attaquer la Russie , déclara la guerre à l’Empereur, sous prétexte qu’il avait fait avancer une armée sur les frontières de la Pologne, pour protéger l’élection du prince saxon. L’Espagne et la Sardaigne épousèrent la querelle de Stanislas. L’Angleterre et la Hollande restèrent neutres, sur l’assurance donnée aux Etats-Généraux de ne point porter la guerre dans les Pays-Bas.
Les Français s’emparèrent de la Lorraine, sous les ordres du comte de Belle-Isle. En même temps le maréchal de Berwick passa le Rhin, prit Cassel, et fut tué en assiégeant Philisbourg. Le théâtre principal de la guerre fut en Italie, où les alliés remportèrent plusieurs victoires, en 1734 et 1735, et s’emparèrent de la Lombardie autrichienne, excepté la ville de Mantoue qui fut bloquée. Une armée espagnole s’empara de Naples et de la Sicile. L’Empereur hors d’état de résister, s’adressa à la Russie : dix mille Russes arrivèrent jusque sur le Rhin ; c’est la première fois (en 1735) que les armées russes parurent en ces contrées. Le prince Eugène, qui commandait l’armée impériale, ne put passer le Rhin et porter la guerre en Lorraine, comme il en avait le projet.
Les cours maritimes proposèrent leur médiation ; mais le cardinal de Fleury s’étant aperçu que cette médiation déplaisait à l’Autriche, entama une négociation secrète avec le cabinet de Vienne. Il y eut des préliminaires signés en 1735, et la paix fut faite le 8 novembre 1738, entre l’Empereur, la France et l’Empire. Par ce traité, Stanislas renonça au trône de Pologne : on lui accorda, en dédommagement, les duchés de Lorraine et de Bar, qui devaient passer à la France après sa mort.
Le duc François de Lorraine, eut, au lieu de son duché, le grand-duché de Toscane, dont le dernier possesseur (Jean Gaston de la maison de Médicis) venait de mourir sans postérité. Le royaume des Deux-Siciles, avec les ports de Toscane, fut assuré à Don Carlos et à ses descendants. Don Carlos céda à l’Empereur Parme et Plaisance, et on lui rendit presque tout ce qu’on lui avait enlevé dans le Milanais et le Mantouan. Enfin, la France se chargea de la garantie de la Pragmatique-Sanction de Charles VI.
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