Jacques de Tourreil, né à Toulouse le 18 novembre 1656, fit paraître, dès sa jeunesse, beaucoup de dispositions à l’éloquence.
Etant venu dans la capitale pour se perfectionner dans le droit et dans les belles-lettres, il remporta le prix de l’Académie française, en 1681 et en 1683. Cette compagnie lui ouvrit ses portes, à l’exemple de l’Académie des Belles-Lettres, qui l’avait déjà reçu dans son sein.
Lorsque l’Académie française présenta au roi son dictionnaire, Tourreil était à la tête de ce corps : il fit à cette occasion vingt-huit compliments différents, qui eurent tous des grâces particulières. Son principal ouvrage est une traduction française de plusieurs harangues de Démosthène, laquelle est précédée de deux excellents discours sur l’état de la Grèce.
Il est le premier qui ait fait sentir aux Français ce que valait ce grand orateur. On lui reproche avec raison d’avoir gâté, par les ornements de l’art, la simplicité noble et rapide de l’original. Ah ! le bourreau, disait Racine, il donnera de l’esprit à Démosthène.
Si Tourreil ne rendit pas exactement son modèle dans ses écrits, il fut lui-même, dans sa conduite, le modèle de toutes les vertus. Ame droite et sincère, à l’épreuve de la crainte et de l’intérêt, il n’eut d’autre plaisir que l’amour des lettres, d’autre ambition que celle de remplir les devoirs d’une exacte probité. Il portait si loin la sévérité des mœurs, qu’il s’opposa à la réception de l’abbé de Chaulieu à l’Académie française, à cause des poésies trop libres qui étaient échappées a la plume de cet abbé.
Tourreil est un de ceux qui ont le plus contribué au Recueil des Médailles sur les principaux événements du règne de Louis XIV, réimprimé en 1702.
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