Cet artiste fut sinon le plus célèbre, au moins le plus estimable des peintres du même nom, car ses ouvrages sont exempts de presque tous les défauts qu’on reproche aux œuvres des Vanloo. Jean-Baptiste, fils et petit-fils de peintre, dessina en naissant ; son père entretint ses bonnes dispositions, en lui faisant copier les ouvrages les plus célèbres des grands maîtres. Il passa ses premières années à voyager, exécutant des portraits qu’il peignait avec une incroyable habileté, et laissant, dans presque tous les endroits où il s’arrêtait, quelques morceaux d’un genre plus élevé, parmi lesquels on distingue une Annonciation, l’Agonie de Saint-Joseph, une Résurrection de Lazare, l’Assemblée des Dieux.
Le duc de Savoie l’ayant chargé de faire le portrait du prince de Carignan, il réussit complètement, et trouva dans son modèle un protecteur constant. La première preuve qu’il lui donna de son affection, fut de l’envoyer à Rome à ses frais. Arrivé dans cette ville, Vanloo entra chez Benedetto Luti, qui ne tarda pas à sentir tout le mérite d’un tel élève ; lorsqu’il était embarrassé pour une composition, il lui présentait le crayon que Vanloo refusait modestement ; mais forcé par les instances de son maître, il se mettait enfin à l’ouvrage, et rendait si bien la pensée de Luti, que ce dernier l’embrassait en lui disant : Tu en fais plus que moi. Bientôt il se fit connaître par une foule de beaux ouvrages, et notamment par deux morceaux sur cuivre, représentant une Sainte Famille et J.-C. donnant les clefs à Saint-Pierre : dans une exposition publique faite à Rome, ces morceaux passèrent pour être de Carle Maratte.
De retour à Paris, et toujours sous la protection de son généreux mécène, il composa plusieurs tableaux, et fit une grande quantité de portraits, pour des personnages illustres. Sa facilité dans ce genre était si prodigieuse, que n’ayant pu obtenir que Louis XV posât pour lui, il alla à Versailles, revint en poste, et fit le portrait le plus ressemblant que l’on eût de ce prince. Louis XV ayant vu ce portrait lui en commanda un autre qui servit de modèle pour tous ceux qu’on fit du roi, dans la suite.
Plusieurs grands ouvrages vinrent consolider sa réputation : de ce nombre est le Henri III, recevant chevalier le comte de Gonzalès. Vanloo avait été reçu membre de l’Académie en 1731, sur son tableau de Diane et Endymion ; le même corps le nomma professeur adjoint (17j33), puis professeur (1735). Plus tard ayant fait un voyage en Angleterre, il peignit le portrait de Robert Walpole ; alors toute la cour suivit l’exemple du ministre, et Vanloo devint l’artiste à la mode.
Le travail et le chagrin, causé par la perte d’un de ses fils, abrégèrent la carrière de Jean-Baptiste Vanloo, qui vint mourir à Aix, sa patrie, à l’âge de soixante-un ans. « C’est surtout, dit un biographe, par le coloris que ses ouvrages se font remarquer. Le ton en est excellent ; sa touche est légère et spirituelle, et ses carnations ont tant de fraîcheur qu’on n’a pas craint de les comparer, sur ce point, à Rubens. » Plusieurs des tableaux ou portraits de Vanloo ont été reproduits par la gravure.
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