Fils d’un clerc, il erra longtemps de pays en pays, avant d’être reçu en qualité de domestique chez les chanoines de Saint-Ruf, qui l’agrégèrent ensuite à leur ordre, et le firent leur général ; il devint bientôt cardinal et enfin pape ; il excommunia d’abord les Romains, jusqu’à ce qu’ils eussent brûlé le factieux Arnaud de Bresse ; il lança une autre excommunication contre Guillaume, roi de Sicile, qui avait usurpé quelques biens de l’Eglise ; il menaça, mais inutilement, l’empereur Frédéric de l’excommunier, s’il ne lui rendait la Sardaigne et la Corse qu’il prétendait appartenir au Saint-Siège.
Il écrivit à Henri II, roi d’Angleterre : « On ne doute pas, et vous le savez, que l’Irlande et les îles voisines m’appartiennent ; nous ne vous permettons d’y entrer que pour obliger les habitants à nous payer le denier de Saint-Pierre. »
Jean de Sarisbéri son ami et son compatriote, étant venu le voir, il demanda ce qu’on disait de lui et de l’Eglise de Rome : « On se plaint, répondît Jean, des fortes contributions que l’Eglise de Rome lève sur toute la chrétienté ; tout le monde vous donne le titre de père ; pourquoi faut-il donc que ce soient vos enfants qui vous fassent des présents ? » Le Saint Père sourit, et se défendit, suivant l’usage, par l’apologue de l’estomac et des membres.
C’est à ce pontife que remonte l’origine des mandats — on entend par ce nom, des lettres apostoliques dans lesquelles le pape enjoint à un collateur de conférer le premier bénéfice qui vaquera à sa collation ou clerc désigné dans le mandat. On a toujours fait peu de cas de ces mandats — ; il est aussi le premier qui ait accordé aux ecclésiastiques la permission de posséder plusieurs bénéfices à la fois.
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