Les troupes de Philippe II, roi d’Espagne, ayant mis le siège devant Saint-Quentin, le connétable de Montmorency s’avança vers la place pour y jeter du secours. Philibert, duc de Savoie, général de l’armée espagnole, et l’un des grands capitaines de son temps, attaqua le connétable, et défit si entièrement l’armée française, qu’il ne resta rien de l’infanterie ; tout fut tué ou pris ; les vainqueurs ne perdirent que quatre-vingts hommes ; le connétable de Montmorency et presque tous les officiers-généraux furent prisonniers, un duc d’Enghien blessé à mort, la fleur de la noblesse détruite, la France dans le deuil et l’alarme ; les défaites de Crécy, de Poitiers, d’Azincourt, n’avaient pas été plus funeste.
Le vainqueur Philibert-Emmanuel, duc de Savoie, prit Saint-Quentin. Il pouvait marcher jusqu’à Paris, que Henri II faisait fortifier à la hâte, et qui, par conséquent, était mal fortifié ; mais Philippe se contenta d’aller voir son camp victorieux. Il prouva que les grands événements dépendent souvent du caractère des hommes ; le sien était de donner peu à la valeur et tout à la politique.
Il laissa respirer son ennemi, dans le dessein de gagner, par une paix qu’il aurait dictée, plus que par des victoires, qui ne pouvaient être son ouvrage. Le duc de Guise, qui faisait la guerre en Italie, eut le temps de revenir avec son armée, et de rassurer le royaume par plusieurs conquêtes importantes qui amenèrent la paix de Câteau-Cambresis plus avantageuse à la France qu’elle n’aurait dû l’être.
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