Fils d’un capitaine célèbre, Philippe Strozzi, né à Venise en 1541, se montra digne d’un nom qu’il aurait pu seul illustrer. Amené en France dès son bas âge, il fut placé comme enfant d’honneur près du Dauphin, depuis François II.
« Son père, dit Brantôme, fut fort curieux de le faire très bien nourrir, et surtout très bien instruire aux bonnes lettres. Un jour qu’il lui demandait compte de l’emploi de sa matinée, J’ai, répondit Philippe, monté à cheval, joué à la paume, et ensuite déjeuné. — Malheureux ! reprit son père, faut-il que tu rassasies le corps avant l’esprit ! Que jamais cela ne t’arrive. Avant toutes choses, rassasie ton âme de quelque belle lecture et étude, et après fais de ton corps ce que tu voudras. »
Dès l’âge de quinze ans, Strozzi commença son métier de héros. A son retour de l’armée de Piémont, promu au grade de capitaine, il fut employé tant en France que dans les pays étrangers. En 1563, il remplaça Dandelot dans la charge de colonel-général de l’infanterie. Il se signala surtout au combat de la Roche-Abeille, à la bataille de Moncontour, et au siége de La Rochelle, où il monta le premier à l’assaut.
Décoré de l’ordre du Saint-Esprit en 1581, la reine-mère lui fit donner le commandement de la flotte destinée à soutenir les prétentions de don Antoine, reconnu roi de Portugal. Il partit de Brouage et fit voile pour les Açores. Ayant voulu prévenir la jonction de la flotte espagnole avec les vaisseaux attendus d’Europe, il attaqua l’amiral Sainte-Croix ; dans l’action, où il fit le devoir de capitaine et de soldat, il tomba percé de coups, et fut conduit à l’amiral espagnol, qui donna l’ordre de le jeter à la mer. Ainsi périt ce brave guerrier, à l’âge de quarante-deux ans.
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