Il est l’un des plus célèbres prédicateurs du dix-huitième siècle. Les sermons du père Charles Frey de Neuville jouissaient d’une grande célébrité longtemps avant l’impression : ils n’ont rien perdu à paraître au grand jour ; le public les a fort accueillis : il s’en est fait plusieurs éditions en peu de temps. Cet orateur a une manière à lui, et ne ressemble à personne. Ses deux oraisons funèbres, l’une du cardinal de Fleury, l’autre du maréchal de Belle-Isle, n’ont pas moins réussi que ses sermons, surtout la première, dans laquelle, parmi des tableaux de la plus grande force, le tableau ingénieux et antithétique du jansénisme n’a pas trop déplu aux jansénistes mène.
« Jours de présomption et d’indocilité, où, par un raffinement de souplesse et de dissimulation profondes, l’erreur, vaste et hardie dans ses projets, timide et mesurée dans ses démarches, condamne l’Eglise, et ne la quitte pas ; reconnaît l’autorité, et ne plie pas ; dédaigne le joug de la subordination, et ne le secoue pas ; respecte les pasteurs, et ne les suit pas ; dénoue imperceptiblement les liens de l’unité, et ne les rompt pas ; sans paix et sans guerre, sans révolte et sans obéissance. »
On y remarque surtout un portrait de la Cour, dont les traits sont sentis, qui est d’un courtisan profond autant que d’un orateur éloquent, et qui finit par ce trait supérieur encore à tous les autres : « Où les heureux n’ont point d’amis, puisqu’il n’en reste point aux malheureux. »
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