LA FRANCE PITTORESQUE
2 janvier 1816 : mort de Guyton de Morveau
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Publié le mercredi 11 novembre 2009, par LA RÉDACTION
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Louis-Bernard Guyton de Morveau naquit à Dijon le 4 janvier 1787. Destiné à la magistrature, Guyton obtint, en 1755, la charge d’avocat général au parlement de Dijon, où, pendant vingt-sept ans, sa conduite témoigna qu’il ne manquait ni des talents qui font l’orateur, ni des connaissances nécessaires au jurisconsulte, ni des vues élevées qui doivent caractériser le magistrat.

Cependant l’étude de la nature avait plus d’attraits pour lui que celle des lois, et il le prouva d’une manière éclatante lorsque après avoir obtenu des états de Bourgogne l’établissement de plusieurs cours publics, il se chargea lui-même d’enseigner la chimie, donnant ainsi l’exemple, inouï jusqu’alors, de réunir les fonctions du professeur à celles du magistrat. Mais, soit qu’il attachât peu de prix aux distinctions sociales, soit plutôt que ses collègues au parlement, par une vanité ridicule ou par une jalousie déplacée, fussent choqués de voir qu’il associât publiquement la culture des sciences à l’exercice de la magistrature, il quitta sa charge, et donna tout son temps à la physique.

A l’époque de la révolution, dont il embrassa les principes avec chaleur, il fut nommé député à l’Assemblée constituante, puis à la Convention, et vota la mort du roi. La nouvelle carrière qu’il parcourait ne lui fit cependant pas perdre de vue les objets chéris de ses méditations. Étant commissaire près de l’armée du Nord, il proposa d’employer les aérostats pour reconnaître les dispositions de l’ennemi, et monta même dans une de ces machines à la mémorable journée de Fleurus. Il eut part aussi à la création de cette École polytechnique qui a laissé de si grands souvenirs dans tous les genres.

Enfin, l’emploi d’administrateur de la Monnaie, qu’il avait accepté, lui procura l’honneur de contribuer à l’établissement du système monétaire décimal. A la restauration, il perdit ses places, hors celle de l’Institut, dont il était membre depuis l’origine, et cette disgrâce hâta la fin de ses jours. Les ouvrages de Guyton ne portent pas ce cachet d’exactitude sévère que l’on exige aujourd’hui dans les sciences d’observation, et la plupart n’ont rien produit d’assez positif ou d’assez saillant pour mériter une attention durable. Mais l’auteur a rendu un service immense à la chimie en y introduisant une nomenclature claire et méthodique, qui ne tarda pas à être imitée dans toutes les langues de l’Europe. Ce qui suffirait d’ailleurs pour lui assigner une place honorable parmi les bienfaiteurs de l’humanité, c’est l’heureuse application qu’il fit du chlore à la destruction des miasmes délétères, dont, avant lui, on ne pouvait se débarrasser que par le moyen peu commode et parfois insuffisant de la ventilation. Cette découverte, d’une si haute importance pour la salubrité publique, date de 1778, année dans laquelle elle permit à Guyton d’arrêter les progrès d’une épidémie provoquée par les exhalaisons d’un caveau sépulcral qui venait d’être ouvert dans la cathédrale de Dijon. — Jourdan.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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