PRÉMONTRÉ. Etude sur l'abbaye de ce nom, sur l'ordre qui y a pris naissance, ses progrès, ses épreuves et sa décadence

À une époque où l’exemple d’un chef n’entraînait plus le baptême d’une foule considérable, où les terreurs de l’an mille étaient oubliées, où les déceptions de la première croisade occultaient le triomphe final, où l’Église était violemment attaquée, un ordre nouveau sut se propager. Il trouva « dans la sagesse et la sévérité de ses règles, l’inattaquable orthodoxie de sa foi, le caractère éminent de son fondateur, les forces nécessaires pour combattre les hérésies, propager les saintes croyances, affermir l’autorité du Saint-Siège ».

Son fondateur, Norbert, qui avait vécu dans la cour des princes et figuré dans les conseils des rois, s’attacha à former une association nombreuse d’hommes désintéressés, humbles, pieux, forts par la science et la parole, étrangers à toute ambition mondaine. Des seigneurs, des femmes puissantes, des fils de princes vinrent échanger leurs titres et leurs richesses contre les austérités du monastère. Quelques-uns, comme Thibault de Champagne, composèrent une sorte de tiers ordre ; ils demeuraient dans le monde, portaient sous leurs habits un scapulaire semblable à celui des Prémontrés et tenaient ces derniers comme leurs directeurs de conscience...