Cet homme d’état, remarquable par ses talents et par l’incertitude de son caractère politique, était le grand-père du célèbre comte de Shaftesbury, écrivain moraliste. (voy. 4 février 1713.) Au commencement de la guerre civile il se montra dévoué au roi, et lui soumit un plan ayant pour but de ramener tous ceux qui s’écartaient de l’autorité royale. A quelque temps de là il se jeta corps et âme dans le parti puritain. Sous Cromwell, il parut dans plusieurs assemblées, occupa diverses places ; il était membre de cette Chambre dont nous venons de rapporter la fin, et il signa la protestation fameuse dans laquelle le Protecteur était accusé de tyrannie et d’arbitraire.
En 1660, élu par le comté de Dorset au Parlement qu’on a nommé le Parlement réparateur (healing Parliament), Shaftesbury fut l’un des douze membres que la Chambre des communes députa au roi Charles II pour le rappeler au trône de ses pères. La restauration ouvrit une nouvelle carrière à ses intrigues : il passa successivement du ministère à l’opposition, et de l’opposition au ministère. Il soutint la cabale du duc d’York, et plus tard appuya le bill qui tendait à exclure ce prince du trône. Accusé de haute trahison, traduit devant le grand jury et acquitté, il excita les projets ambitieux de Monmouth, qu’ensuite il abandonna. Croyant sa tête menacée, il s’embarqua pour la Hollande en 1682, et mourut à Amsterdam le 22 janvier de l’année suivante.
Dans sa conduite publique et privée, le comte de Shaftesbury mérita les plus grands reprodies ; cependant il a des titres à la reconnaissance de ses concitoyens : l’Angleterre doit à son ministère le fameux acte d’Habeas corpus, qu’elle regarde encore aujourd’hui comme le palladium de la liberté individuelle.
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