Né en 1723 à Heidelsheim dans le Palatinat, le baron d’Holbach était membre des Académies de Petersbourg, de Manheim et de Berlin. Comme savant, comme écrivain, comme amateur éclairé des arts, il aurait mérite d’être connu ; il le fut beaucoup plus encore comme chef de la société à laquelle se rattachent la plupart des noms célèbres de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Pendant quarante ans, toutes les notabilités littéraires et philosophiques se réunirent chez lui le dimanche, et y dînèrent somptueusement Le spirituel abbé Galiani, l’un de ses plus assidus convives, lui écrivait de Naples (7 avril 1770) : « La philosophie, dont vous êtes le premier maître-d’hôtel, mange-t-elle toujours d’un aussi bon appétit ? »
On a vivement attaqué ces assemblées, qu’évita d’Alembert, et d’où Buffon se retira ; cependant Marmontel atteste que jamais, en sa présence du moins, Dieu, la vertu, les saintes lois de la morale n’y furent soumis à la controverse. Rousseau, dans ses Confessions, faille procès de la coterie holbachique ; mais l’ardente imagination du citoyen de Genève créa souvent des monstres qui n’eurent d’existence que pour lui.
Le tort le plus grave du baron d’Holbach, c’est d’avoir composé de nombreux écrits qui reposent sur un principe non moins faux que dangereux, l’athéisme, et d’en avoir rejeté le scandale sur des auteurs morts, dont il outrageait la cendre. Le fameux Système de la Nature se distingue dans la foule de ces œuvres impies, que la génération actuelle ne lit plus.
Quant au caractère et à la personne du baron, nous pouvons en croire Jean-Jacques lui-même : « C’était un fils de parvenu qui jouissait d’une assez grande fortune, dont il usait noblement, recevant chez lui des gens de lettres, et, par son savoir et ses connaissances, tenant bien sa place au milieu d’eux. »
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