Grammairien profond et académicien exemplaire, il avait pour frère le marquis de Dangeau, si célèbre par son instinct algébrique. (Voy. 9 Septembre) Né calviniste, Bossuet le convertit à la religion chrétienne. La grammaire, sur laquelle il a laissé de nombreux ouvrages, était pour lui l’objet d’un culte particulier ; tout allait bien, pourvu que la grammaire fût sauve.
Un jour on l’entretenait d’événements politiques, de changements prochains ; c’était dans le temps du système de Law : « Arrive ce qui pourra, dit-il, j’ai dans mon portefeuille deux mille verbes français bien conjugués. » Dans le cercle très étendu de ses études, il n’avait pas dédaigné de comprendre le blason, « qu’il faut bien souffrir dans la liste des connaissances humaines, disait-il encore, puisque la vanité gothique les ayant surchargées d’une branche si pauvre, la vanité des siècles suivants en a presque fait une branche nécessaire. » De nos jours, elle est à peu près rentrée dans la classe des sciences inutiles.
L’abbé de Dangeau, tout abbé qu’il était, eut, dit-on, beaucoup de maîtresses ; mais il les aimait en grammairien : il leur renvoyait les lettres mal orthographiées, et à la troisième il rompait avec elles.
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