LA FRANCE PITTORESQUE
19 janvier 1418 : prise de Rouen par le roi d’Angleterre
()
Publié le samedi 21 novembre 2009, par LA RÉDACTION
Imprimer cet article

Déjà trois ans s’étaient écoulés depuis que le roi d’Angleterre, Henri V, avait mis le pied sur le sol de France. (voy, Ier Janvier, Prise D’Harfleur.) « Jean de Graville lui ayant rendu le Pont-de-l’Arche à composition, il mit le siège devant Rouen, capitale de la province, et la bloqua si étroitement avec une circonvallation par terre et des chaînes par eau, qu’il lui coupa entièrement les vivres en peu de jours. Ce ne lui eût pas été une chose si aisée, si les bourgeois, se fiant trop sur leurs forces, n’eussent mis dehors le comte d’Aumale et la garnison que le dauphin leur avait envoyée. Mais ce qui leur nuisit davantage, ce fut la trahison de leur gouverneur Guy Bouteiller, lequel donnait avis à l’ennemi de tout ce qui se passait dans la ville. » (Mézerai, Histoire de France.)

Le duc de Bourgogne, prévoyant qu’on lui imputerait la perte d’une place si importante, tenta quelques négociations avec Henri mais sans aucun succès ; alors il abandonna les assiégés à tous les fléaux réunis pour les perdre. « Leur invincible constance, leur généreuse patience, et les grands efforts de leur courage étaient dignes d’une meilleure fin. Après qu’ils eurent mangé jusqu’aux cuirs, l’extrême nécessité les contraignit de capituler. L’ennemi, irrité de ce qu’ils avaient méprisé plusieurs fois les conditions avantageuses qu’il leur avait offertes, ne leur en voulait faire aucune que de les prendre à discrétion. Cette réponse leur ayant été rapportée, ils se déterminèrent tous d’un consentement de mettre le feu dans leur ville, et ensuite sortir hommes, femmes et enfants les armes à la main pour mourir parmi les ennemis. Le roi d’Angleterre, averti de ce désespoir par les traîtres, en redouta les effets, et, modérant sa rigueur, il les reçut à composition qu’ils lui paieraient trois cent quarante mille Écus d’or de France ; qu’ils lui feraient serment de fidélité, et que les gens de guerre sortiraient le bâton blanc à la main. Ainsi cette opulente et forte ville, conquise sur les Anglais par Philippe-Auguste, fut reconquise sur les Français par Henri, lequel y fit son entrée le 19 janvier 1418, faisant porter par un page une queue de renard attachée au bout d’une lance, ce qui signifiait qu’il avait conquis cette ville autant par finesse que par force, ou pour punir par cette dérision les Français qui se moquaient des Anglais en criant : « A la queue ! » ( Mézerai, ib.)

Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

Imprimer cet article

LA FRANCE PITTORESQUE