Ce voyage doit sa célébrité au mot d’un fou, qui lui-même doit à ce mot presque toute sa renommée.
Charles-Quint, pressé d’aller châtier en personne la révolte des Gantois, demanda au roi la permission de traverser la France. Triboulet écrivit sur ses tablettes :« Si l’empereur s’expose à passer par la France, il est plus fou que moi. — Mais, lui dit le roi, si je le laisse passer sans lui rien faire ? — Alors, reprit Triboulet, j’effacerai son nom et j’y mettrai le vôtre. »
Ce mot d’un fou pouvait être dit par un sage ; plus d’un grand politique l’aurait revendiqué. Au surplus, dans cette circonstance, le roi de France se conduisit en chevalier et l’empereur en jésuite.
Le premier avait noblement refusé l’offre des Gantois, qui voulaient se soumettre à lui ; le second, pour son droit de passage, avait promis l’investiture du Milanais : une fois hors de France, il nia sa promesse. François Ier se repentit de s’être fié à un engagement verbal ; mais lui-même avait donné par écrit celui de céder la Bourgogne, et ne le tenait pas davantage. La petite morale tue la grande, a-t-on dit ; dans les cours, c’est le contraire qui arrive ordinairement
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