Clément V ne pouvait pardonner aux Vénitiens la conquête de Ferrare, qu’ils avaient enlevée aux princes de la maison d’Esté, et dont un de ses successeurs devait les dépouiller environ trois siècles après. (voy. 13 Janvier 1598.) L’anathème ne produisant aucun effet, Clément V prêcha une croisade ; il envoya son parent, le cardinal de Sélignio, qui, commandant l’armée en qualité de légat, gagna une bataille et reprit Ferrare.
Enfin les Vénitiens obtinrent leur absolution à force de soumissions, de prières, et moyennant la somme de cent mille florins d’or ; en outre le pape exigea qu’un ambassadeur vînt la recevoir dans la ville d’Avignon, où il avait transféré le saint Siège. Cet ambassadeur, nommé Nicolas Dandolo, fut obligé de se laisser mettre un collier semblable à celui des chiens ; dans cet équipage, les grands pénitenciers le menèrent par une corde, attachée à la boucle du collier, jusqu’aux pieds du pape, qui lui conféra son gracieux pardon.
La branche de l’illustre famille des Dandolo, à laquelle appartenait cet ambassadeur, est encore désignée à Venise par le surnom del cane (du chien), en mémoire de cette bizarre cérémonie.
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