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Pathé Kok : l’ancêtre du home cinéma
(Source : France 3 Centre Val de Loire)
Publié le samedi 26 octobre 2024, par Redaction
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Dès le début du XXe siècle, regarder un film à domicile n’était plus un rêve futuriste. Bien avant l’essor de la télévision en France et l’âge d’or des lecteurs VHS, le Pathé Kok, ancêtre du home cinéma grand public, s’accompagnait d’un catalogue varié comprenant comédies, drames et même un programme d’actualités à acheter ou louer.
 

En août 1894, Charles Pathé, fils de Jacques Pathé et de Thérèse-Amélie Kech, commerçants boucher-charcutier, découvre le phonographe d’Edison (1847-1931) à la foire de Vincennes. Grâce au soutien financier de sa mère, il s’en procure un exemplaire et, contre rétribution, propose au public d’écouter des morceaux lors des foires. Les voix enregistrées suscitent rapidement la curiosité et enthousiasment les visiteurs.

Fort de ce succès initial, Charles Pathé décide d’exploiter pleinement ce nouvel engouement. Il ouvre à Paris un magasin dédié à la vente de phonographes, qui attire une clientèle désireuse de découvrir cette innovation.

Charles Pathé
Charles Pathé

Son intérêt se porte ensuite sur le kinétoscope, une invention de Thomas Edison et de son assistant William Kennedy Laurie Dickson (né en France le 3 août 1860), brevetée en 1891. Ce dispositif permet à une seule personne de visionner des images animées, donnant l’illusion du mouvement. Une avancée qui marque une nouvelle étape dans l’univers du divertissement.

En 1896, Charles Pathé et son frère Émile fondent Pathé Frères, une société spécialisée dans la vente de phonographes et d’appareils cinématographiques. Les frères Pathé, pionniers du septième art, s’imposent rapidement comme une référence mondiale : ils produisent des films, fabriquent des projecteurs et créent des salles de cinéma.

« Silence, ça tourne ! » Une expression des plateaux qui prend tout son sens dans les foyers. Le projecteur Pathé Kok, lancé en 1912, était actionné à la main à l’aide d’une dynamo. Ce geste permettait non seulement de faire défiler la pellicule, mais aussi de générer l’électricité nécessaire à l’éclairage du projecteur, rendant l’ensemble totalement autonome.

Le projecteur Pathé Kok et son coffre de rangement estampillé Pathé Frères
Le projecteur Pathé Kok et son coffre de rangement estampillé Pathé Frères

Le projecteur fonctionnait avec des bobines de film de 28 mm de large, présentant des perforations dissymétriques (trois à gauche et une à droite par image en Europe). Ce format reposait sur un support en diacétate de cellulose, un matériau ininflammable, plus sûr que le nitrate utilisé pour les films 35 mm professionnels.

Rapidement, le Pathé-Kok est éclipsé par le Pathé-Baby, un petit projecteur plus abordable et plus simple d’utilisation, utilisant des bobines au format 9,5 mm. Cette accessibilité permet à un public beaucoup plus large de profiter des projections chez soi, démocratisant ainsi l’accès au cinéma.

Avec le lancement d’une caméra un an plus tard, la marque Pathé-Baby révolutionne les usages du cinéma dans les foyers et les écoles. Cette caméra compacte, pensée pour les amateurs, permet aux particuliers de filmer des événements familiaux, des vacances ou des fêtes, offrant ainsi à chacun la possibilité de devenir cinéaste.

Le jeune Jean Carmet, qui regardait des films sur le Pathé-Baby avec ses copains, était loin de se douter que son visage s’afficherait un jour en grand sur les écrans des cinémas Pathé. Comme le rappelait Georges Audebert, ami d’enfance de l’acteur à Bourgueil : « Quand le père de Jean transformait sa cuisine en salle de cinéma avec le Pathé-Baby, c’était un grand bonheur. »

Réclame pour le Pathé Kok
Réclame pour le Pathé Kok

Le Pathé Kok reste très prisé des collectionneurs, avec un prix généralement compris entre 500 et 1500 euros. Sa valeur augmente sensiblement lorsqu’il est en bon état, accompagné de ses accessoires d’origine et de ses bobines, et protégé dans son coffre de rangement, fièrement orné du coq emblématique de la marque. Pour s’assurer de son bon fonctionnement, un œil avisé est nécessaire afin d’examiner chaque détail de sa mécanique.

Le Pathé Kok, conçu pour le format 28 mm, n’est pas compatible avec les films 16 mm, 35 mm, 8 mm ou Super 8. Un détail primordial à considérer pour éviter toute manipulation risquant d’endommager l’appareil. Mais lorsque toutes les conditions sont réunies, il offre une expérience de projection authentique, fidèle à son époque.

Pascale Menard
France 3 Centre Val de Loire

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