Après 40 années dans le centre historique de Rouen (Seine-Maritime), Jean-Marc Sarhan, luthier de métier, prend sa retraite. C’est une toute jeune femme qui reprend l’activité en espérant bien lui donner un nouvel élan.
Au cœur du vieux Rouen, une boutique attire l’œil. En s’approchant de plus près, on découvre une forêt de violons. L’endroit est bien connu des musiciens rouennais. Il s’agit de l’atelier de Jean-Marc Sarhan, un artisan luthier.
Passion pour la musique et relations humaines
En 43 ans, des milliers d’instruments sont passés entre ses mains. À 66 ans, il s’apprête à prendre sa retraite et craint d’abandonner ses clients fidèles. « Ça me dérange beaucoup plus pour les clients en règle générale que pour moi. Tout ce qui avait été mis en place affectivement et relationnellement pouvait disparaître totalement », explique le luthier tout juste retraité.
À 25 ans, Manon sort de la même formation que Jean-Marc : la seule école de lutherie
en France située dans les Vosges. © Crédit photo : France Télévisions
Son souci était de dénicher la bonne personne pour le remplacer, celle qui saura conserver l’âme du lieu. Un subtil mélange entre passion pour la musique et relations humaines. Aujourd’hui, il a enfin trouvé cette perle rare. « C’est idéal ! J’ai l’impression que je m’en vais en laissant un double ! On ne peut pas faire plus agréable », se réjouit Jean-Marc.
L’art de la transmission
Ce double, c’est Manon, 25 ans. Originaire des Yvelines, elle sort de la même formation que Jean-Marc : la seule école de lutherie en France située dans les Vosges. Séduite par le projet malgré quelques hésitations, elle s’avoue ravie. « Ici, notre métier, c’est beaucoup plus de relations clients. C’est accueillir les gens, prévoir un suivi des instruments et des musiciens, c’est quelque chose que j’aime énormément. C’est aussi pour ça que cet atelier me plaît beaucoup », lance Manon, nouvelle propriétaire de la boutique Les violons du Robec.
Depuis deux ans, Jean-Marc Sarhan accompagne sa jeune héritière en douceur et la sent prête, même si l’expérience est encore irremplaçable. « Jean-Marc reconnaît l’objet instantanément quand il l’a entre les mains, il est capable de se souvenir d’un violon dont il s’est occupé il y a 20 ans ! Il reconnaît parfois plus les instruments que les personnes qui les apportent », ironise Manon.
Dans quelques jours, la jeune femme sera seule aux commandes. Jean-Marc Sarhan pourra partir l’esprit tranquille. L’atelier restera un lieu d’échanges et de vie.
Amandine Pointel
France 3 Normandie
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