LA FRANCE PITTORESQUE
10 janvier 1707 : mort du comte Philibert de Grammont
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Publié le jeudi 19 novembre 2009, par LA RÉDACTION
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Ce personnage, plus célèbre par les choses qu’il a dites que par celles qu’il a faites, et beaucoup plus encore par la manière dont Hamilton a raconté ces choses, fut dans son temps l’idole, le gracioso des cours de France et d’Angleterre. On l’a comparé au maréchal de Richelieu ; tous les deux en effet offrent quelques traits de ressemblance par l’éclat de leur bravoure et de leur galanterie, ainsi que par la longueur d’une carrière que tant de raisons semblaient devoir abréger. Du reste, il y a entre le héros de Saint- Evremond et celui de Voltaire la même différence qu’entre les deux panégyristes. Richelieu fut peut-être plus pervers, mais il fut sans contredit plus universel et plus brillant : il étendit le rôle de don Juan à la politique et à la guerre ; soit mérite, soit hasard, comme diplomate et comme général, il obtint de grands succès.

Au contraire Grammont, qui servit en qualité de volontaire sous Turenne et sous Condé, n’eut jamais de commandements ni de missions. Les seules victoires qui signalèrent ses campagnes, il les remporta au jeu, les dés ou les cartes à la main, et grâce à des manœuvres infiniment plus adroites qu’honorables. Ce genre de mérite n’est plus de nos jours ; aussi l’ouvrage d’Hamilton a-t-il beaucoup perdu, sinon de ses grâces, du moins de son intérêt.

L’histoire du valet Termes, voleur de l’habit du chevalier, celle de l’aumônier Poussatin, le premier prêtre du monde pour la danse basque, et quelques autres amusent encore par l’ingénieuse et comique facilité du style : mais on y trouve bientôt du vide ; on s’ennuie d’un héros dont les hauts faits ne peuvent pas même fournir la matière de deux petits volumes, et l’on se fatigue de voir le narrateur obligé de recourir sans cesse à des anecdotes étrangères pour remplir le cadre de sa narration. Les faits dont se compose la vie du comte de Grammont peuvent être comparés à la chanson fameuse intitulée Chef-d’œuvre d’un inconnu ; les mémoires écrits par Hamilton en rappellent le commentaire.

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