Le canon s’était tu depuis déjà quelques heures et un calme sinistre régnait dans les rues, lorsque les rares habitants qui étaient restés dans la ville risquèrent un regard vers ce qui se passait dehors, cet après-midi du 1er septembre 1914.
Après avoir pansé sommairement les blessés anglais et français, le docteur Debacq prenait un repas bien mérité, quand deux femmes lui demandèrent de secourir un jeune homme parti de son village à bicyclette, qui avait reçu une balle de shrapnel dans la jambe. Traversant la ville, le médecin aperçut les premiers uhlans qui essuyèrent les tirs des chasseurs alpins et décidèrent de rebrousser chemin. Vers quatre heures, une fusillade recommença : ce fut le dernier épisode de la résistance de l’artillerie alliée à l’invasion de la vallée de l’Oise.
À partir de ce moment, il ne resta plus un soldat dans l’intérieur du bourg. Les habitants relevèrent les soldats anglais et français qui avaient été reconnus et identifiés mais qui étaient restés sur le champ de bataille. M. Pingeot, maire adjoint, animé d’un sentiment éminemment patriotique, voulut que les morts, quatre anglais et deux chasseurs alpins, vaillants défenseurs de la cité, reposent dans le cimetière communal à une place d’honneur qu’il choisit lui-même. Tous les hommes disponibles étant occupés au transport des blessés à l’ambulance qui s’organisait, il s’acharna durant une journée entière et parvint au prix de terribles efforts à emmener leurs corps jusqu’à une tombe digne, tirant lui-même la charrette à...
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