Le jeune et impétueux successeur du faible Abdul-Amid, Sélim III, avait juré de périr ou de laver sa nation des outrages multipliés qu’elle avait reçus des Russes ; il voulait reconquérir la Crimée, il voulait se créer une renommée militaire ; dès sa première tentative, la fortuite se montra contraire à tous ses vœux.
Dans cette guerre, entreprise malgré les représentations de la France, et par les conseils intéressés de l’Angleterre et de la Prusse, la Portée prouva les plus terribles revers. A Rennick les Turcs laissèrent vingt-deux mille hommes sur le champ de bataille ; Bender, Ackermann, Oczakow, la Moldavie, la Bessarabie tombèrent au pouvoir des Russes ; Galatz fut réduite en cendres. L’année suivante, Souvarow s’empara de la forteresse d’Ismaïl et l’inonda du sang de ses défenseurs, (voy. 22 décembre 1790.) On murmurait à Constantinople ; le sultan n’osait plus sortir de son sérail.
La révolution française vint faire une diversion à cette guerre furieuse ; l’Angleterre et la Prusse, assez inquiètes de ce qui se passait chez nous, s’interposèrent pour concilier la Russie et la Porte. Les négociations s’ouvrirent à Galatz au mois d’août 1791, et amenèrent, le g janvier 1792, le traité définitif de Jassy.
Par ce traité, celui de Kaïnardgy et toutes les stipulations antérieures furent confirmés. La Russie rendit ses conquêtes, excepté la ville d’Oczakow, et le pays situé entre le Bog et le Dniester. Ce dernier fleuve fut pris pour limite des deux empires, et Catherine éleva près de son embouchure, comme un monument triomphal, la nouvelle cité d’Odessa.
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