La protection libre de ces hommes d’un goût éclairé, qui possèdent une grande fortune et que le talent seul peut séduire, vaut mieux pour les artistes que les faveurs des gouvernements que l’on obtient souvent par de tout autres voies. Sous ce rapport, M. de Sommariva a dû exercer en France et en Italie une heureuse influence sur l’art des Girodet et des Canova ; la richesse de ses collections de tableaux, de sculptures et de gravures, était célèbre dans toute l’Europe.
Les fonctions publiques qu’il exerça longtemps ne servirent qu’à lui faire mieux apprécier le charme de la vie privée : une fois qu’il y fut rentré, il ne voulut plus en sortir. L’étendue et la variété de ses connaissances lui méritaient partout l’estime : le charme et la noblesse de ses manières lui gagnaient l’affection.
On a dit que, pour encourager les artistes d’une façon digne d’eux et de lui, il achetait non des tableaux faits, mais des tableaux à faire. Il savait que le talent a souvent besoin de contrainte, et il ne pouvait lui en imposer une qui fût à la fois plus ingénieuse et plus honorable.
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