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Réclame médicale au XVIIIe siècle. Médecin payé au résultat. Promesses de guérison

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Anecdotes insolites
Petite Histoire de France et anecdotes, brèves et faits divers insolites, événements remarquables et curieux, événements anecdotiques
Curieuse réclame médicale
au XVIIIe siècle, ou le médecin
payé au résultat
(Extrait d’ « Observations importantes sur le manuel
des accouchements », paru en 1733)
Publié / Mis à jour le mardi 5 juin 2018, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 
 
 
Un des plus beaux spécimens de réclame médicale est sans doute cet Avis au Lecteur rédigé par un médecin affirmant tenir à ne percevoir une rétribution qu’au résultat obtenu, à savoir la guérison du malade : il se trouve imprimé à la fin des Observations importantes sur le manuel des accouchements parues en 1733, traduites du latin, de Henry de Deventer, docteur en médecine, et augmentées de réflexions sur les points les plus intéressants par Jacques-Jean Bruhier d’Ablaincourt, docteur en même Faculté

« Beaucoup de personnes se sont plaintes jusqu’à ce jour d’avoir su trop tard mon habileté à corriger ou rétablir les Vices qui empêchent le mouvement des Parties. Elles ont éprouvé avec satisfaction que j’étais de beaucoup supérieur à quantité d’autres, qui promettent cependant de rétablir les choses dans leur premier état, et qui engagent les Malades à perdre inutilement beaucoup d’argent pendant que je m’acquitte exactement de tout ce que j’ai promis.

« Elles ont prétendu que je ne pouvais en conscience me dispenser de faire connaître mes talents au public, par la voie des Gazettes, ou autres Ouvrages de ce genre. J’ai toujours pensé que c’était au Malade à aller chercher le Médecin, et qu’il ne convenait pas au Médecin de courir après le Malade. Il arrive même souvent qu’on méprise les avantages qu’on nous offre.

« Cependant, comme plusieurs personnes restent incommodées, faute de savoir à qui elles doivent demander du secours, j’ai cru que, sans imiter ces charlatans, à qui la seule envie de s’enrichir fait annoncer leurs talents prétendus dans toutes les nouvelles ou répandre des billets dans toutes les villes, pour attraper l’argent du Public, je pouvais me servir de la présente occasion pour faire l’énumération des opérations que je fais autant qu’il le faut, pour avertir ceux qui ne savent à qui ils doivent avoir recours.

« Mon dessein n’est pas de les détourner de se mettre entre les mains des autres Opérateurs, mais seulement d’apprendre à ceux qui ne le savent pas, où ils trouveront du secours ; et pour faire connaître quels défauts du Corps j’ai coutume de rétablir, je vais donner la liste des plus communs :

Henry de Deventer

Henry de Deventer

« 1° Je guéris ceux qui, par la contraction desTendons ne peuvent tenir la tête droite, et l’ont toujours penchée sur l’une ou sur l’autre Epaule, sans pouvoir la baisser du côté opposé. Je la redresse, et la fais tenir dans la situation naturelle.

« 2° Si la Tête et le Col sortent en dehors de la perpendiculaire du Corps, de l’un ou de l’autre côté, ce qui rend les personnes difformes quoiqu’elles puissent fléchir de tout côté la Tête et le Col, j’ôte cette difformité en remettant la Tête dans la situation perpendiculaire.

« 3° Si quelqu’un a une Epaule plus haute que l’autre de deux doigts et plus, je rabaisse l’Epaule la plus élevée ou je relève la plus basse de manière qu’elles soient de niveau.

« 4° Si la Contraction des Tendons tire trop en devant l’une ou l’autre Epaule, de manière que l’Omoplate relève, je la réduis dans sa situation, de sorte que l’Omoplate est couchée sur le Dos, comme à l’ordinaire.

« 5° Si l’une et l’autre Epaule avancent trop en devant, élargissent le Dos et resserrent la Poitrine, ce qui fait un Dos voûté et difforme, je recule l’une et l’autre Epaule, et je rends le Dos aussi plat, et la Poitrine aussi large qu’il le faut, suivant les proportions.

« 6° Si la Hanche sort trop de l’un ou de l’autre côté, et si le haut du Tronc sort en dehors et se courbe, je le redresse et l’empêche de pencher.

« 7° Si les Côtes, s’éloignant de l’un ou de l’autre côté, se font accrues de manière qu’elles sont devenues plus longues que celles du côté opposé, ce qui fait une Bosse et une difformité, je fais rentrer les côtes qui sortent, j’empêche de croître celles qui s’élèvent trop haut et je fais croître celles du côté opposé jusqu’à ce que le creux soit rempli et la symétrie exacte, et alors je remets en état tout le haut du Corps.

« 8° Si le haut du Corps tombe tellement de l’un ou de l’autre côté, qu’une des Hanches rentre en dedans et l’autre sorte en dehors, je repousse en dedans celle qui sort en dehors, et en dehors celle qui rentre en dedans, je les rends égales, et par ce moyen fais garder au Corps son équilibre.

« 9° Si la Hanche d’un côté est de deux ou trois doigts plus haute que celle de l’autre, je la baisse jusqu’à ce qu’elles soient toutes deux de niveau.

« 10° Si l’on a une ou plusieurs Vertèbres luxées et que cet accident rende le bas du Corps tellement paralytique qu’on ne puisse remuer une de ses parties ou que le haut soit bossu et contrefait, je réduis les Vertèbres, et en rendant au suc nerveux la liberté de circuler je rends aussi au Malade la puissance de marcher et rétablis le reste du Corps.

« 11° Si quelqu’un a les reins trop courbés et les Fesses trop en arrière, ce qui le fait marcher courbé, je fais rentrer d’une part les Fesses et de l’autre le Ventre, et je rétablis sa structure.

« 12° Si la contraction des Tendons tire en dedans les Os du Fémur de manière qu’on ne puisse marcher ou qu’on ne le fasse que les Pieds en dedans et se croisant, je rends à ces Os leur situation naturelle.

« 13° Si ces Os au contraire, par la même raison, sont tellement tournés en dehors qu’on ne puise encore marcher, que les Pieds ne sortent trop en dehors et ne se croisent, je les rétablis comme les précédents.

« 14° Je réduis les Pieds des enfants dont les Doigts sont trop saillants ou rentrants, de manière qu’ils deviennent droits.

« 15° Si quelqu’un a les Cuisses réellement tournées en dedans, que les Genoux frottent l’un contre l’autre, ou au contraire, si les Genoux sont tellement écartés que les Pieds s’approchent trop pour marcher librement, j’éloigne ce qui est trop proche, rapproche ce qui est trop éloigné, et rétablis ainsi les Malades.

« 16° Je guéris la Charte, de manière que les Jambes deviennent droites et propres à tous leurs mouvements.

« 17° Je rétablis et fais marcher sur la plante des Pieds, comme les autres hommes, les enfants qui naissent les Pieds fléchis près des Malléoles, de manière que la Plante lève en dehors ou en dedans.

« 18° Je fais de même marcher sur la Plante des Pieds, ceux qui par quelque accident se sont luxé l’un ou l’autre Malléole, ce qui a fait que par succession de temps la Jambe ayant passé au-delà du Malléole, ils font obligés de marcher sur le côté des Pieds ou sur les Malléoles mêmes.

« 19° Si la contraction des Muscles qui fléchissent la Plante des Pieds la courbe trop et arrondit trop le Tarse, ce qui fait qu’on a de la peine à marcher, je la guéris et fais marcher à l’ordinaire.

« 20° Si quelqu’un a une paralysie sur un Pied et même d’un côté depuis le Ventre jusqu’aux Doigts du Pied de manière qu’il ne puisse marcher sur ce Pied ni se tenir debout, je les fais marcher par le moyen d’un instrument ajusté à la Jambe avec lequel il peut être debout, marcher, s’asseoir, fléchir même le Genou, de manière qu’il peut se passer d’une canne ou d’une béquille.

« 21° Je donne des Remèdes pour toutes les contractions ou raideurs des Muscles des Epaules, des Bras, des Avant-Bras, des Mains, des Doigts, ce qu’il serait trop long de détailler ici.

« 22° Les personnes d’un âge avancé et qui sont contrefaites ou bossues de jeunesse, ne doivent pas espérer de guérison, mais à moins qu’elles ne soient déjà trop vieilles, je puis corriger considérablement ces vices ou les empêcher d’augmenter au moyen d’un Corset de fer ou de baleine, qui les rend beaucoup moins difformes qu’ils ne l’étaient auparavant parce qu’ils ne trouvaient pas de Tailleur qui sût les habiller comme il fallait.

Une consultation au XVIIIe siècle. Gravure extraite de La Chronique médicale (1904)

Une consultation au XVIIIe siècle. Gravure extraite de La Chronique médicale (1904)

« Voici comment je me comporte avec les personnes qui se mettent entre mes mains. Avant de commencer à les traiter, je conviens du prix, et je n’en demande le paiement que lorsque, suivant mes conventions, j’ai, ou corrigé, ou guéri entièrement le défaut. Je ne demande rien pour mes peines, pour les instruments, pour les dépenses, que mes promesses ne soient remplies. Il n’y a que les Corsets qui se payent par-dessus le marché.

« Si l’on veut convenir d’un temps, comme de trois mois par exemple, pour la guérison, je le veux bien, ayant toutefois égard à la nature des accidents. Si ce temps s’écoule sans un mieux sensible, le marché est nul de plein droit, sans être tenu de la moindre compensation ; mais si l’on voit un mieux sensible, on est obligé de se laisser guérir jusqu’au bout, et alors je me fais donner le prix convenu, afin qu’on ne tire pas le paiement en longueur, quoique les Malades soient obligés de se servir encore longtemps des instruments pour affermir leur guérison. Les conventions se font par un billet signé du Malade et de moi.

« J’ai cru devoir dire ce peu de mots des défauts du Corps, que je traite journellement, par le moyen d’instruments de mon invention. Je n’ai pas voulu m’étendre sur les autres défauts, que je traite en grand nombre ; et je n’ai fait imprimer ce Mémoire que pour contenter beaucoup de personnes qui m’ont représenté que je ne pouvais en conscience laisser ignorer au Public des talents qui peuvent lui être si utiles. Ceux donc qui ne trouveront pas chez eux les secours nécessaires pour se faire guérir, ou ceux pour qui ils s’intéressent, savent à présent à qui ils peuvent s’adresser. »

 
 
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