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29 mai 1686 : mort de Claude-Emmanuel Lhuillier, dit Chapelle

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29 mai 1686 : mort de
Claude-Emmanuel Lhuillier,
dit Chapelle
Publié / Mis à jour le mardi 28 mai 2013, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 

Que d’écrivains pâlissent et s’épuisent dans des veilles studieuses, sans qu’on leur en tienne compte ! et voilà un homme qui a gagné l’immortalité au cabaret. Né en 1626, fils naturel d’un homme riche et spirituel qui réunissait chez lui tout ce qu’il y avait alors de savant et d’aimable, le jeune Chapelle — on lui avait donné ce nom à cause du lieu de sa naissance, le village de la Chapelle, entre Paris et Saint-Denis. Au reste, il fut légitimé en 1641 — trouva dans la maison de son père des exemples pour se former à l’enjouement, en perfectionnant ses études. Le célèbre Gassendi lui donna des leçons de philosophie, auxquelles furent admis Molière et Bernier.

A l’âge de vingt-six ans, Chapelle livré à lui-même, avec la fortune considérable que lui avait laissée son père, se montra vraiment philosophe par sa passion pour l’indépendance. On en cite des traits curieux. Un seigneur l’avait invité à passer quelque temps dans ses terres ; comme il s’y rendait, le hasard fait tomber sous ses mains ce titre d’un chapitre du Plutarque d’Amyot : « Qui suit les grands, serf devient. » Il arrive en toute hâte chez son hôte pour se dégager et repartir sur-le-champ. Vainement le grand seigneur lui promet une entière liberté ; Chapelle se borne à répondre : « Plutarque l’a dit ; cela ne vient pas de moi ; ce n’est pas ma faute ; mais Plutarque a raison. »

Un jour qu’il devait dîner chez le prince de Condé, il est pris pour arbitre sur un coup douteux par des joueurs de mail, qui, satisfaits de sa décision, le retiennent jusqu’au soir. Il oublie le prince, et le lendemain lui dit pour toute excuse : « En vérité, monseigneur, c’étaient de bien bonnes gens et bien aisés à vivre, que ceux qui m’ont donné à souper. »

Condisciple de Molière, il passa d’abord pour son collaborateur mystérieux ; mais il y a si loin de l’esprit de conversation au talent d’écrire, que Molière, qui, pressé pour la comédie des Fâcheux, lui avait demandé la scène de Caritidès, ne put tirer de celle qu’il lui apporta qu’un seul avantage, ce fut de menacer Chapelle de la publier, s’il ne faisait tomber le bruit qui donnait à l’homme du monde la meilleure part dans les pièces de l’homme de génie.

Boileau et Racine consultaient néanmoins Chapelle, qui leur lançait parfois des épigrammes à bout portant. Le tragique lui demandant un jour son avis sur Bérénice, Chapelle en fit la parodie en deux vers :

Marion pleure, Marion crie,
Marion veut qu’on la marie.

Le satirique ne fut pas plus épargné. Dépité un jour contre son censeur : « Tais-toi, s’écria-t-il ; tu es ivre. — Je ne suis pas, repartit le buveur, aussi ivre de vin, que tu l’es de tes vers. » Un jour que Boileau le prêchait sur son penchant à l’ivrognerie, sous prétexte d’écouter le sermon plus à l’aise, Chapelle entraîna au cabaret et grisa le prédicateur. C’était là sa réfutation habituelle ; il la regardait comme une bonne œuvre, dont il se félicita lui-même dans cet impromptu :

Bon Dieu ! que j’épargnais de bile
Et d’injures au genre humain,
Quand renversant ta cruche à l’huile,
Je te mis le verre à la main !

Si la vérité se montre dans le vin, jamais homme ne fut plus extravagant que Chapelle. On connaît l’anecdote du souper d’Auteuil, où, sans Molière, il menait ses amis expier dans la rivière le vin qu’ils avaient bu. Entre plusieurs contes du même genre, nous citerons celui-ci, qui n’est pas le moins gai : dans un tête-à-tête avec un maréchal de France, tous deux étant arrivés à l’égalité de l’ivresse, furent saisis d’une ferveur soudaine pour aller prêcher la foi en Turquie ; ils rêvent déjà le martyre. Mais Chapelle se flatte d’être empalé le premier. Le maréchal réclame le pas dû à son rang ; la querelle s’échauffe, ils se font voler les assiettes au visage, et leurs poings servent de supplément aux assiettes.

Chapelle a, comme poète, perfectionné l’emploi des rimes redoublées, inventé par d’Assoucy et Voiture. « Il réussit mieux que les autres, dit Voltaire, dans ce genre, qui a de l’harmonie et de la grâce, mais dans lequel il a préféré quelquefois une abondance stérile de rimes à la pensée et au tour. » Son chef-d’œuvre est l’ingénieux voyage qu’il a écrit avec Bachaumont.

 
 
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