Éphéméride, événements Les événements du 21 avril. Pour un jour donné, découvrez un événement ayant marqué notre Histoire. Calendrier historique 21 avril 1699 : mort de Jean Racine Publié / Mis à jour le samedi 20 avril 2013, par Redaction Temps de lecture estimé : 4 mn Jean Racine, né à la Ferté-Milon, le 22 décembre 1639, fut élevé à Port-Royal-des-Champs, et fut l’élève le plus illustre de cette école si célèbre et tant persécutée. Le savant Lancelot dirigea ses études ; mais ses véritables maîtres furent Sophocle et Euripide, avec lesquels il passait les jours et les nuits. Lancelot lui ayant brûlé un exemplaire des Amours de Théagène et de Chariclée, il s’en procura un second, qu’il apprit par cœur, et le remit ensuite à Lancelot : « A présent, lui dit-il, vous pouvez le jeter au feu. » Après avoir fait sa philosophie au collège d’Harcourt, il débuta dans la carrière poétique en 1660, par une ode sur le mariage du roi, qui lui valut une gratification de cent louis et une pension de six cents livres. En 1664, il fit paraître sa première tragédie, intitulée : la Thébaïde, ou les Frères ennemis. Il prit un vol plus élevé dans Alexandre, qui parut en 1666. Jean Racine Après ses deux premiers essais aurore encore faible d‘un beau jour, tout à coup Andromaque répand la plus vive lumière : le poète est déjà parvenu au plus haut degré du pathétique. De là, il s’enfonce dans les profondeurs de la politique : le nouvel Euripide est déjà, dans Britannicus, un Tacite ; déjà il sait peindre les intrigues d’une cour corrompue, aussi bien que les fureurs d’un amour au désespoir ; il trace les caractères les plus vigoureux et les tableaux les plus austères, de la même main qui crayonna les orages du cœur et le délire des passions ; et dans l’intervalle qui sépare ces deux ouvrages immortels, il se délasse et s’amuse à nous exposer les ridicules du barreau. Emule d’Aristophane, il produit, en se jouant, une comédie que Molière n’aurait pas désavouée. Bientôt l’auteur de Britannicus, le peintre mâle et fier d’Agrippine, de Néron et de Burrhus , épuise, dans un autre ouvrage d’une nature bien différente, tout ce que le sentiment a de plus délicat, de plus tendre et de plus touchant : il fait éclore une tragédie de ce qui aurait à peine fourni à un autre une élégie ou une idylle ; et si Racine a des pièces plus fortes que Bérénice, il n’en a point où triomphe avec plus d’éclat la richesse du talent, et l’art de féconder les sujets les plus stériles. De la cour d’un empereur romain, centre de la politesse, il passe dans le palais d’un barbare : aux portraits du vertueux Titus, de la sensible Bérénice, succèdent deux figures absolument nouvelles sur notre scène, Acomat et Roxane ; un vizir consommé dans la politique du sérail, et une sultane qui joint les fureurs de l’ambition aux transports d’un amour physique. Ces deux créations, qu’on serait tenté de regarder comme les derniers efforts du génie, sont encore surpassées par l’admirable contraste du farouche Mithridate et de la timide Monime. Iphigénie paraît, et semble effacer par son éclat tout ce qui l’a précédée ; elle est suivie de Phèdre, dont le seul caractère égale et balance la seule perfection de toute la pièce d’lphigénie. Il semble que l’imagination n’aperçoive rien au delà. On le voit cependant s’élever encore plus haut dans Athalie. Il faut cependant l’avouer, quelques-unes des femmes célèbres du siècle de Louis XIV se piquèrent de ne pas rendre justice à Racine. Citons cette fameuse cabale gui s’éleva contre Phèdre : c’était madame Deshoulières qui était à la tête de cette cabale. Phèdre triompha, et Racine fut témoin de son triomphe ; mais il ne le fut pas de celui d’Athalie, et il mourut sans avoir joui du succès de son plus admirable ouvrage. Madame de Sévigné, sans avoir poussé aussi loin la prévention qu’on le croit communément, n’a cependant rendu une justice complète à Racine que dans sa lettre sur la représentation d’Esther. Ces dames célèbres avaient d’autant plus tort que Racine avait pour lui les plus grands hommes du siècle de Louis XIV : Boileau, Molière, La Fontaine, La Bruyère, Colbert, le grand Condé, etc. et Louis XIV lui-même. Ce grand roi, sensible à son extrême mérite, le nomma historiographe de France, le mit quelquefois sur la liste des personnes admises pendant les voyages de Marly, le fit coucher dans sa chambre dans une de ses maladies, et le combla de gratifications. Après tant de bontés de la part de Louis XIV, on ne doit pas être étonné que Racine soit mort de chagrin ou de crainte de lui avoir déplu. L’excuse de cette faiblesse, si c’en est une, est dans les bienfaits du monarque le plus généreux, et dans le cœur du sujet le plus reconnaissant. Il fut enterré à Port-Royal — après la destruction de Port-Royal, sa veuve le fit exhumer et apporter à Paris, dans l’église de Saint-Etienne du Mont —, comme il l’avait ordonné par son testament, ce qui fit dire que Racine n’aurait pas fait cela de son vivant ; car Racine, bon janséniste, mais aussi bon courtisan, avait grand soin de dissimuler son jansénisme à la cour. Boileau fit les quatre vers suivants, pour être mis au bas du portrait de son ami : Du Théâtre français l’honneur et la merveille,Il sut ressusciter Sophocle en ses écrits,Et dans l’art d’enchanter les cœurs et les esprits,Surpasser Euripide et balancer Corneille. Ce témoignage de l’amitié a été confirmé par celui de la postérité, qui a même enchéri sur l’Aristarque français, en faisant pencher un peu la balance du côté de son ami. « Racine, dit Voltaire, passa de bien loin les Grecs et Corneille, dans l’intelligence des passions, et porta la douce harmonie de la poésie, ainsi que les grâces de la parole, au plus haut point où elles puissent parvenir. » On aime à entendre Voltaire s’écrier dans un autre endroit : « Racine, égal à Virgile pour l’harmonie et la beauté du langage, supérieur à Euripide et Sophocle ; Racine, le poète du cœur, et d’autant plus sublime, qu’il ne l’est que quand il faut l’être ; Racine, le seul poète tragique de son temps dont le génie ait été conduit par le goût ; Racine, le premier homme du siècle de Louis XlV dans les beaux arts, et la gloire éternelle de la France ! » Il est à remarquer que Racine ayant consulté Corneille sur sa tragédie d’Alexandre, Corneille lui conseilla de ne plus faire de tragédies, et lui dit qu’il n‘avait nul talent pour ce genre d’écrire. On ne parle guère de Racine que pour la tragédie ; mais il avait tous les talents, et la seule pièce des Plaideurs, où la peinture des ridicules est si vraie, et dont beaucoup de vers sont devenus proverbes, prouve qu’il eût approché de Molière dans le genre comique. Les récits éloquents et animés de ses tragédies, annoncent qu’il eût été excellent poète épique. Les chœurs d’Esther et d’Athalie, et ses cantiques spirituels sont des modèles dans le genre lyrique, et le montrent égal ou peut-être supérieur à Rousseau ; il avait aussi, comme lui, le talent de l’épigramme, et il en usait. Ses deux lettres contre Port-Royal prouvent qu’il aurait été pour les jansénistes un ennemi aussi redoutable que Pascal l’avait été pour les jésuites. Le discours qu’il prononça pour la réception de Thomas Corneille, suffirait pour lui assurer un rang distingué parmi les écrivains en prose. Ses Lettres familières, écrites dans le sein de l’amitié, dans l’intérieur de sa famille, le représentent sensible et tendre, comme dans ses tragédies, bon ami, bon mari, bon père. Une lettre où il rend compte à la mère Sainte-Thècle (sa tante) de la prise d’habit d’une de ses filles ; cette lettre, dans sa simplicité négligée, fait fondre en larmes. Son fils lui applique le mot de Tacite sur Agricola : Bonum virum facile crederes, magnum libenter. Pour acquérir une exacte connaissance de toutes les beautés contenues dans les chefs-d’œuvre de Racine, il faut lire le Commentaire publié par Geoffroy. C’est là qu’on trouvera non seulement les beautés développées avec art, mais les fautes relevées avec discernement, et avec une indépendance d’opinion très rare. Les profondes connaissances de l’auteur dans la littérature ancienne, donnent à son travail un caractère particulier. Les traductions de la Phèdre et de l’Iphigénie d’Euripide, sont, sans contredit, les meilleures qui existent dans notre langue. On peut appliquer le même éloge aux traductions des différents morceaux des auteurs grecs et latins, imités par Racine. Le Commentaire de Geoffroy a encore l’avantage d’être joint à la meilleure des éditions de Racine. C’est la seule qui soit complète. Même section > voir les 5 ARTICLES Saisissez votre mail, et appuyez sur OKpour vous abonner gratuitement Vos réactions Prolongez votre voyage dans le temps avec notreencyclopédie consacrée à l'Histoire de France Choisissez un numéro et découvrez les extraits en ligne ! Numéro ? Magazine d'Histoire de France N° 44 (traditions, légendes, fêtes, métiers, personnages...) Magazine d'Histoire de France N° 43 (traditions, légendes, fêtes, métiers, personnages...) Magazine d'Histoire de France N° 42 (traditions, légendes, fêtes, métiers, personnages...) 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