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1er mars 1781 : mort de l’historien et lexicographe Jean-Baptiste de La Curne de Sainte-Palaye

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1er mars 1781 : mort de
l’historien et lexicographe
Jean-Baptiste de La Curne de Sainte-Palaye
Publié / Mis à jour le lundi 25 février 2013, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

Jean-Baptiste de la Curne de Sainte-Palaye naquit à Auxerre le 6 juin 1697. L’Histoire de Fiance, l’Histoire de la Langue et des Antiquités françaises l’occupèrent toute sa vie. Aussi savant que son ami, de Foncemagne, et plus laborieux, ou du moins plus porté à écrire, il avait entrepris et exécuté, en grande partie, les plus vastes ouvrages. Son Glossaire français universel, où chaque mot était accompagné de preuves et d’exemples des différents sens dans lesquels il avait été pris, dans les divers temps, et par les différents auteurs, aurait été le monument le plus précieux de son érudition. Il a laissé en manuscrits une Histoire particulière des Variations successives de la Langue française, et un Dictionnaire des Antiquités françaises.

Sainte-Palaye a rempli le recueil de l’Académie des inscriptions et belles lettres de savants Mémoires, qui éclaircissent divers points de l’Histoire de France, et qui ont, comme ceux de Foncemagne, le mérite de faire autorité. C’est lui qui, par des notices exactes, a fixé nos idées sur les écrivains des premiers temps de notre histoire. Mais il n’était point entièrement renfermé dans les antiquités françaises : quelquefois il faisait des excursions heureuses dans l’histoire ancienne, témoin la manière dont il concilia Denys d’Halicarnase et Tite-Live, sur six des premiers consulats de Rome.

On serait tenté de croire qu’un savant, toujours occupé d’ouvrages si sérieux, de recherches si profondes, d’une littérature si austère et prêtant si peu à l’imagination, sortait à peine de son cabinet, ne connaissait que ses livres, et n’était lui-même connu dans le monde que par ses Œuvres. C’était, au contraire, un homme livré à toutes les douceurs de la société, qui vivait beaucoup dans le monde, qui l’aimait et en était aimé ; qu’on n’aurait jamais pris pour un savant sans sa réputation ; n’ayant aucun des travers d’un érudit, et portant partout le ton modeste, les manières simples et douces, la politesse aimable d’un homme de bonne compagnie. A ces qualités sociales, il joignait des vertus encore plus estimables : il mérita par excellence le nom de Philadelphe.

L’amitié de Sainte-Palaye et de son frère a eu, dans le temps, une célébrité qui ajoutait encore à la grande considération dont ils jouissaient. Voltaire les appellent fratres Helenae, lucida sidera ; mais laissons parler de cette touchante amitié le successeur de Sainte-Palaye à l’Académie française :

« La tendresse des deux frères, dit Chamfort, commence dès leur naissance (car ils étaient jumeaux), circonstance précieuse qu’ils rappelaient toujours avec plaisir. Ce titre de jumeaux (...) avait le mérite de reculer, pour eux, l’époque d’une amitié si tendre... Ils lui devaient le bonheur inestimable de ne pouvoir trouver dans leur vie entière un moment où ils ne se fussent point aimés. M. de Sainte-Palaye n’a fait que six vers dans sa vie, et c’est la traduction d’une épigramme grecque sur deux jumeaux. Le testament des deux frères (car ils n’en firent qu’un, et celui qui mourut le premier disposa des biens de l’autre), leur testament distingua, par un legs considérable, deux parentes éloignées, qui avaient l’avantage inappréciable à leurs yeux d’être sœurs et nées comme eux au même instant.

« Plus heureux que les frères d’Hélène, privés par une éternelle séparation des plus grands charmes de l’amitié, une même demeure, un même appartement, une même table, les mêmes sociétés réunirent constamment MM. de la Curne (...) Combien de fois a-t-on vu les deux frères, surtout dans leur vieillesse, paraissant aux assemblées publiques, aux promenades, aux concerts, attirer tous les regards, l’attention du respect, même les applaudissements ! (...) Après la vertu, le spectacle le plus touchant est celui de l’hommage que lui rendent les hommes assemblés.

« M. de la Curne est près de se marier ; M. de Sainte-Palaye ne voit que le bonheur de son frère, il s’en applaudit, il est heureux, il croit aimer lui-même ; mais la veille du jour fixé pour le mariage, M. de la Curne aperçoit dans les yeux de son frère, les signes d’une douleur inquiète... C’est que M. de Sainte-Palaye, au moment de quitter son frère, redoutait, pour leur amitié, les suites de ce nouvel engagement. Il laisse entrevoir sa crainte ; elle est partagée. Le trouble s’accroît, les larmes coulent. Non, dit M. de la Curne, je ne me marierai jamais. Ce serment fut inviolable...

« Mais la vieillesse avance... l’instant redoutable approche... C’est M. de la Curne, dont la santé chancelante annonce la fin prochaine. On tremble, on s’attendrit sur M. de Sainte-Palaye ; c’est à lui que l’on court dans le danger de son frère. Tous les cœurs sont émus... Le feu roi (car une telle amitié devait parvenir jusqu’au trône) montra quelque intérêt pour l’infortuné menacé de survivre. C’est lui que plaint surtout le mourant lui-même. Hélas ! dit-il, que deviendra mon frère ? Je m’étais toujours flatté qu’il mourrait avant moi... O voeu sublime du sentiment qui, dans ce partage des douleurs, s’emparait de la plus amère, pour en sauver l’objet de sa tendresse ! »

Que deviendra en effet ce vieillard privé de son frère ? Va-t-il être abandonné ? C’est le sort de son âge. « Non, ses amis se rassemblent, l’environnent, se succèdent ; des femmes jeunes, aimables, s’arrachent aux dissipations du monde, pour seconder des soins si touchants... Il vit ; mais la douleur, la vieillesse, les infirmités affaiblissent ses organes ; le souvenir seul de son frère survit à sa raison : il n’est plus qu’une ombre. Il aime encore. Dans une des séances particulières de l’Académie, chancelant, prêt à tomber, il est secouru par un nouvel académicien qu’il connaissait à peine (M. Ducis ). Monsieur, lui dit-il, vous avez sûrement un frère ! Un frère , un secours ; ces deux idées sont, pour lui, inséparables à jamais.

« L’amitié fut le bonheur de sa vie entière... Que dis-je ? ô consolation ! ô bonheur d’une destinée si rare ! c’est l’amitié qui veille encore sur ses derniers jours. Il pleure un frère, il est vrai, mais il le pleure dans le sein d’un ami qui partage cette perte, qui la remplace autant qu’il est en lui ; qui lui prodigue, jusqu’au dernier moment, les soins les plus attentifs, les plus tendres ; ajoutons, pour flatter sa mémoire, les plus fraternels. C’est parmi vous, Messieurs, qu’il devait se trouver cet ami si respectable M. de Bréquigny) , ce bienfaiteur de tous les instants, qui, chaque jour, et plusieurs fois chaque jour, abandonne ses études, ses plaisirs, pour aller secourir l’enfance de la vieillesse. Vos yeux le cherchent, son trouble le trahit, nouveau garant de sa sensibilité, nouvel hommage à la mémoire de l’ami qu’il honore et qu’il pleure ! »

Sainte-Palaye mourut en 1781. Il avait été reçu à l’Académie des belles-lettres en 1724, et à l’Académie française en 1758. Sa longue carrière fut toujours heureuse, remplie par des inclinations douces et par des occupations de son choix ; il aima les femmes sans être tourmenté par elles. Il adoptait, il répétait avec plaisir cette devise chevaleresque : Toutes servir, toutes honorer pour l’amour d’une. Déjà privé de mémoire, mais pas encore de raison, il aimait à raconter qu’il avait senti trois fois, en très peu de temps, un goût vif et une sorte de surprise de l’amour, pour une même femme, ayant toujours oublié, dans tous les intervalles, qu’il l’eût déjà vue et déjà aimée, et ayant cru chaque fois la voir pour la première fois.

 
 
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