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20 décembre 1664 : jugement de Fouquet

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20 décembre 1664 : jugement de Fouquet
Publié / Mis à jour le mercredi 19 décembre 2012, par Redaction
 
 
 

Fouquet avait été arrêté le 5 septembre. On avait surtout fait accroire à Louis XIV qu’il faisait de grandes fortifications à Belle-Isle, et qu’il avait des liaisons dangereuses au dedans et au dehors du royaume ; il parut bien, quand il fut arrêté et conduit à la Bastille et à Vincennes, que son parti n’était composé que de quelques courtisans, qui recevaient de lui des pensions, et qui l’oublièrent dès qu’il ne fut plus en état d’en donner. Il lui resta d’autres amis, et cela prouve qu’il en méritait. L’illustre madame de Sévigné, Pelisson, Gourville, mademoiselle Scudéry, plusieurs gens de lettres se déclarèrent hautement pour lui, et le servirent : avec tant de chaleur, qu’ils lui sauvèrent la vie.

On connaît ces vers de Hénaut, le traducteur de Lucrèce, contre Colbert, le persécuteur de Fouquet :

Ministre avare et lâche, esclave malheureux,
Qui gémis sous le poids des affaires publiques ;
Victime dévouée aux chagrins politiques,
Fantôme révéré sous un titre onéreux ;

Vois combien des grandeurs le comble est dangereux ;
Contemple de Fouquet les funestes reliques,
Et, tandis qu’à sa perte en secret tu t’appliques,
Crains qu’on ne te prépare un destin plus affreux.

Sa chute quelque jour te peut être commune,
Crains ton poste, ton rang, la cour et la fortune :
Nul ne tombe innocent d’où l’on te voit monté.

Cesse donc d’animer ton prince à son supplice,
Et, près d’avoir besoin de toute sa bonté,
Ne le fais pas user de toute sa justice.

Colbert, à qui l’on parla de ce sonnet injurieux, demanda si le roi y était offensé ; on lui dit que non : « Je ne le suis donc pas, répondit le ministre. » Il ne faut jamais être dupe de ces réponses méditées, de ces discours publics que le cœur désavoue. Colbert paraissait modéré, mais il poursuivait la mort de Fouquet avec acharnement. On peut être bon ministre et vindicatif.

Un des plus implacables de ses persécuteurs, était Michel le Tellier, alors secrétaire d’Etat, et son rival en crédit. C’est celui-là même qui fut depuis chancelier. Quand on lit son oraison funèbre, et qu’on la compare avec sa conduite, que peut-on penser, sinon qu’une oraison funèbre n’est souvent qu’une déclamation ? Le chancelier Séguier, président de la commission, fut celui des juges de Fouquet, qui poursuivit sa mort avec le plus d’acharnement, et qui le traita avec le plus de dureté.

Il est vrai que faire le procès du surintendant, c’était accuser la mémoire du cardinal Mazarin. Les plus grandes déprédations dans les finances étaient son ouvrage. Il s’était approprié, en souverain, plusieurs branches des revenus de l’Etat. Il avait traité, en son nom et à son profit, des fournitures des armées. « Il imposait, dit Fouquet dans ses défenses, par lettres de cachet, des sommes extraordinaires sur les généralités ; ce qui ne s’était jamais fait que par lui et pour lui, et ce qui est punissable de mort par les ordonnances. »

L’abus que le cardinal Mazarin avait fait de sa puissance despotique, ne justifiait pas le surintendant ; mais l’irrégularité des procédures faites contre lui, la longueur de son procès, l’acharnement odieux du chancelier Séguier contre lui ; le temps, qui éteint l’envie publique, et qui inspire la compassion pour les malheureux ; enfin, les sollicitations, toujours plus vives en faveur d’un infortuné, que les manœuvres pour le perdre ne sont pressantes, tout cela lui sauva la vie.

Le procès ne fut jugé qu’au bout de trois ans, en 1664. De vingt-deux juges qui opinèrent, il y en eut neuf qui conclurent à la mort, et les treize autres, parmi lesquels il y en avait à qui Gourville avait fait accepter des présents, opinèrent à un bannissement perpétuel. Le roi commua la peine en une plus dure. Cette sévérité n’était conforme ni aux anciennes lois du royaume, ni à celles de l’humanité. Ce qui révolta le plus l’esprit des citoyens, c’est que le chancelier fit exiler l’un des juges, nommé Roquesante, qui avait le plus déterminé la chambre de justice à l’indulgence.

Fouquet fut enfermé au château de Pignerol. Tous les historiens disent qu’il y mourut en 1680 ; mais Gourville assure dans ses Mémoires qu’il sortit de prison quelque temps avant sa mort. Ce fait n’a jamais été bien éclairci dans sa famille : ainsi, on ne sait pas où est mort cet infortuné, dont les moindres actions avaient de l’éclat quand il était puissant.

Colbert, qui succéda à Fouquet dans la seule qualité de contrôleur-général (la charge de surintendant ayant été supprimée), justifia la sévérité de ses poursuites, en rétablissant l’ordre dans les finances, et en travaillant sans relâche à la grandeur de l’Etat.

 
 
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