19 décembre 1562 : bataille de Dreux

Ce fut l’an 1562 que s’alluma la première guerre civile entre les catholiques et les protestants : ceux-ci, ayant en vain demandé justice de ce qu’ils appelaient le massacre de Vassy (1^er mars), se mirent en devoir de se la faire eux-mêmes par la voie des armes. Le prince de Condé s’étant mis a leur tête, s’empare d’abord d’Orléans, qui devint le boulevard de l’hérésie. Les huguenots se rendent ensuite maîtres de plusieurs des plus riches et des plus considérables villes du royaume, telles que Blois, Tours, Angers, Poitiers, la Rochelle, Rouen, Dieppe, le Havre-de-Grâce et Lyon.

Partout où ils dominent, les églises sont pillées, les images brisées, les reliques des saints brûlées, les monastères détruits, les prêtres et les religieux maltraités, et plus souvent massacrés. Le prince de Condé, ayant reçu un secours des protestants d’Allemagne, s’avance jusqu’à Paris, dont il attaque les faubourgs. Le duc de Guise l’ayant repoussé, il se replie sur les frontières de la Normandie, poursuivi par les catholiques ; il est battu et fait prisonnier près de Dreux par le duc de Guise, et le connétable de Montmorency qui fut pris ensuite lui-même par un officier allemand : les deux généraux furent échangés peu de temps après.

Les premières nouvelles qui vinrent de cette bataille à la cour, portaient qu’on l’avait perdue. Eh bien ! dit Catherine de Médicis, nous ferons nos prières en français. A cette journée fut tué, à la première attaque (il y en eut quatre), le maréchal de Saint-André, le plus aimable cavalier de son temps. Sa politesse égalait l’urbanité grecque et romaine. Le duc de Guise et le prince de Condé, son prisonnier, couchèrent dans le même lit le soir de la bataille ; le prince ne put fermer l’œil de la nuit, et le second dormit aussi profondément que s’ils avaient été les meilleurs amis.

La coutume d’offrir son lit n’est passée de mode que sous la minorité de Louis&nbp;XIV. Louis XIII allait quelquefois partager le lit du connétable de Luynes.