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11 novembre 1751 : mort du médecin et philosophe matérialiste Julien Offray de La Mettrie

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11 novembre 1751 : mort du médecin
et philosophe matérialiste
Julien Offray de La Mettrie
(D’après « Biographie universelle ancienne
et moderne » (Tome 28), paru en 1821)
Publié / Mis à jour le samedi 10 novembre 2018, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
Peint par Diderot comme un auteur sans jugement, « dont on reconnaît la frivolité de l’esprit dans ce qu’il dit, et la corruption du cœur dans ce qu’il n’ose dire », La Mettrie attaqua les fondements de toute croyance avant de susciter l’ire du milieu médical en publiant en 1747 son depuis célèbre Homme Machine

Médecin instruit et à qui des ouvrages plus téméraires que dangereux ont forgé une sombre réputation, Julien Offray de La Mettrie naquit à Saint-Malo le 12 décembre 1709. Son père, riche négociant, ne négligea rien pour son éducation. Après avoir achevé ses humanités à Paris au collège du Plessis, La Mettrie fut envoyé à Caen, où il fit sa rhétorique sous les Jésuites, et remporta tous les prix. Il revint, l’année d’après, suivre dans la capitale un cours de logique sous l’abbé Cordier, fameux janséniste, dont il embrassa et défendit les opinions avec une vivacité remarquable, même dans un jeune homme.

Ses études terminées, il retourna dans sa famille, et sut persuader à son père, qui le destinait à l’état ecclésiastique, de le laisser suivre son goût pour la médecine. Il avait déjà quelques connaissances en physique ; il s’appliqua pendant deux ans à l’anatomie, et reçut ses premiers grades à la faculté de Reims, en 1728. Il alla, en 1733, à Leyde, étudier sous le célèbre Boerhaave, et mérita l’estime de cet illustre professeur, dont il traduisit plusieurs ouvrages.

Julien Offray de La Mettrie

Julien Offray de La Mettrie

Après la mort de son maître, il revint pour la seconde fois à Saint-Malo, et y passa quelques années, occupé de nouvelles traductions. Le chirurgien Morand, son ami, l’appela en 1742 à Paris et lui procura la protection du duc de Grammont, colonel des Gardes-Françaises, qui le choisit pour médecin de ce régiment. La Mettrie le suivit à l’année, fut présent à la bataille de Dettingen (27 juin 1743), et ensuite au siège de Fribourg (octobre 1744), où il tomba malade. Ayant observé que, pendant la durée de sa maladie, l’affaiblissement des facultés morales avait suivi chez lui celui des organes, il en tira la conséquence que la pensée n’était qu’un produit de l’organisation, et eut l’audace de publier ses conjectures à cet égard, au sein de L’Histoire naturelle de l’âme (1745).

L’ouvrage auquel il attacha son nom souleva contre lui tous les gens sensés : il perdit en même temps sa place de médecin des Gardes et son protecteur, qui fut tué d’un coup de canon à la bataille de Fontenoy. Si La Mettrie avait attaqué les fondements de toute croyance dans son Histoire naturelle de l’âme, il tourna en ridicule ses confrères les plus estimables dans sa Politique des médecins. Jusque-là on l’avait regardé comme un fou : il parut alors un méchant et un homme dangereux. On lui donna le conseil de quitter les hôpitaux de l’armée, où il avait obtenu un emploi ; et il se réfugia à Leyde, en 1746.

Il y mit au jour une nouvelle satire contre les médecins dont le crédit venait de le faire bannir ; et ce libelle fut bientôt suivi de L’Homme-machine (1747), au sein duquel la doctrine du matérialisme est exposée sans aucun ménagement : selon La Mettrie, l’esprit doit être considéré comme une suite de l’organisation sophistiquée de la matière dans le cerveau humain. Les magistrats du pays ordonnèrent d’en poursuivre l’auteur et, chassé de la Hollande après l’avoir été de la France, il ne savait où fuir, quand le roi de Prusse chargea Maupertuis de lui écrire qu’il trouverait un asile dans Berlin.

Il y arriva au mois de février 1748 et fut accueilli par Frédéric II comme un philosophe victime de l’intolérance. Ce prince lui accorda une pension, avec le titre de son lecteur, et une place à l’académie. Julien Offray de La Mettrie se mit sur-le-champ, avec le monarque prussien, sur le pied de la plus grande familiarité : « Il entrait dans son cabinet comme chez un ami ; en tout temps, il se jetait et se couchait sur les canapés : quand il faisait chaud, il ôtait son col, déboutonnait sa veste, et jetait sa perruque par terre. » (Souvenirs de Berlin, tome V)

Malgré cette apparente liberté, il ne tarda pas de s’ennuyer à la cour. La vie de Berlin lui devint insupportable ; et il chargea Voltaire de négocier son retour à Paris : « La Mettrie, écrivait Voltaire, brûle de retourner en France. Cet homme si gai, et qui passe pour rire de tout, pleure quelquefois comme un enfant d’être ici ; il me conjure d’engager M. de Richelieu à lui obtenir sa grâce : en vérité, il ne faut juger de rien sur l’apparence. La Mettrie, dans ses préfaces, vante son extrême félicité d’être auprès d’un grand roi, qui lui lit quelquefois ses vers ; et, en secret, il pleure avec moi. Il voudrait s’en retourner à pied. » (Lettre à Mad. Denis, 2 septembre 1751)

Tandis que Voltaire suivait cette négociation avec l’activité qu’il mettait aux plus petites affaires, La Mettrie mourut d’une indigestion, dont il prétendit se guérir par huit saignées et des bains, dans la maison du comte Tyrconnel, ministre de France, le 11 novembre 1751. Voltaire se hâta d’en informer le duc de Richelieu : « Ce La Mettrie, cet homme-machine, ce jeune médecin, cette vigoureuse santé, cette folle imagination, tout cela vient de mourir, pour avoir mangé, par vanité, tout un pâté de faisan aux truffes... Il a prié milord Tyrconnel, par son testament, de le faire enterrer dans son jardin. » (Lettre du 13 novembre)

Puis il ajoute : « Les bienséances n’ont pas permis qu’on eût égard à son testament. Son corps a » été porté dans l’église catholique » où il est tout étonné d’être. » (Lettre à Mad. Denis, 14 novembre) Cette saillie irréligieuse de Voltaire semble prouver que c’est à tort qu’on répandit le bruit que La Mettrie avait, à ses derniers moments, reconnu et détesté ses erreurs. Peu de temps avant sa mort, il s’était amusé à bâtir une fable au sujet du médecin, naturaliste et penseur suisse Haller, affirmant qu’il était un athée. Le savant, offensé, écrivit à Maupertuis pour obtenir une réparation : La Mettrie mourut dans l’intervalle ; et Maupertuis répondit à Haller par une lettre dans laquelle il essaie d’atténuer les torts de son compatriote, en les rejetant sur son inconséquence.

Le roi de Prusse honora son protégé d’un Eloge qu’il fit lire à l’Académie par Darget, secrétaire de ses commandements. La Mettrie fut jugé sévèrement, même par ceux qu’on soupçonnait de partager ses opinions. Voltaire n’a ainsi jamais parlé qu’avec mépris des productions philosophiques de ce médecin. Ce sont toujours les rogatons, ou bien les folies incohérentes de La Mettrie. D’Argens dit que ses raisonnements sont faux, inconséquents, et d’un frénétique.

Diderot le peint comme un auteur sans jugement, « dont on reconnaît la frivolité de l’esprit dans ce qu’il dit, et la corruption du cœur dans ce qu’il n’ose dire ; (...) dont les sophismes grossiers, mais dangereux par la gaieté dont il les assaisonne, décèlent un écrivain qui n’a pas les premières idées des vrais fondements de la morale, (...) dont le chaos de raison et d’extravagance ne peut être regardé sans dégoût, (...) et dont la tête est si troublée, et les idées sont à tel point décousues, que, dans la même page, une assertion sensée est heurtée par une assertion folle, et une assertion folle par une assertion sensée. »

Il termine cette longue énumération par ce résumé remarquable : « La Mettrie, dissolu, impudent, bouffon, flatteur, était fait pour la vie des cours et la faveur des grands ». Notons que rien n’était plus faux que cette assertion, personne n’étant moins fait que La Mettrie pour la vie des cours ; mais Diderot ne voulait pas manquer une occasion de déclamer contre les rois et les grands, dont au fond il était loin de dédaigner la faveur. Diderot poursuit ainsi : « il est mort comme il devait mourir, victime de son intempérance et de sa folie : il s’est tué par ignorance de l’état qu’i professait. » (Essai sur les règnes de Claude et de Néron)

 
 
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