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4 novembre 1793 : mort de Louis-Marie de Lescure, général vendéen

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4 novembre 1793 : mort de
Louis-Marie de Lescure, général vendéen
(D’après « Biographie universelle ancienne
et moderne » (Tome 24), paru en 1829)
Publié / Mis à jour le samedi 29 octobre 2016, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
Opposant à la Révolution française, Louis de Salgues, marquis de Lescure, s’exposa aux plus grands dangers pour le salut du roi et fut regardé comme l’un des chefs les plus influents de l’insurrection vendéenne. Ses plans, toujours bien conçus, étaient appuyés d’une très grande bravoure.

Le marquis Louis-Marie de Lescure naquit le 13 octobre 1766, de Marie-Louis-Joseph de Lescure et de Jeanne de Durfort de Civrac. La famille de Lescure est originaire de l’Albigeois, où l’on voyait encore avant la Révolution son château sur les bords du Tarn. Au commencement du XVIIIe siècle, un abbé de Lescure, évêque de Luçon, attira près de lui son neveu, qui épousa mademoiselle de Surgères ; le fils de celui-ci se maria aussi en Poitou, et fut tué à la bataille de Plaisance, étant encore fort jeune.

Son fils, père de l’illustre chef de la Vendée, mourut en 1784 ; c’était un homme fort dissipé, qui laissa sa fortune en grand désordre. Louis-Marie de Lescure fut élevé à l’École Militaire. En entrant dans le monde, à l’âge de seize ans, il y parut bien différent de ce qu’étaient alors les jeunes gens de son rang et de son état. Il était gauche, timide et taciturne ; il vivait, pour ainsi dire, isolé au milieu d’une société brillante, frivole et animée : sa piété était grande et presque austère, sans nulle ostentation ; ce qui était le contraire de la mode de ce temps-là.

Aussi le mérite de son caractère et l’étendue de son savoir étaient-ils fort méconnus ; on le trouvait bizarre et sauvage ; ses manières, et jusqu’à sa toilette, le faisaient taxer d’une singularité qu’on lui pardonnait cependant à cause de son inaltérable douceur et de la bienveillance qu’il mettait dans toutes ses relations ; seulement on regrettait qu’un homme de sa naissance et dans sa position, fait, comme on disait alors, pour aller à tout, s’écartât de la route qui menait aux succès.

Louis de Lescure, par Robert Lefèvre (1818)

Louis-Marie de Salgues, marquis de Lescure

Après avoir commandé pendant peu de temps une compagnie de cavalerie du régiment de Royal-Piémont, il épousa, en 1791, mademoiselle de Donnissan, sa cousine. Déjà, à cette époque, la Révolution prenait un aspect triste et menaçant ; déjà l’Émigration avait commencé. De Lescure et beaucoup de gentilshommes du Bas-Poitou ne trouvaient pas à propos de suivre cet exemple. Dans cette province, distinguée de toutes les autres par des mœurs particulières, les seigneurs, loin d’avoir pour ennemis les paysans, jouissaient de leur confiance et de leur affection : la douceur et la familiarité du patronage des gentilshommes, l’habitude de vivre dans leurs terres, la franchise et la rusticité de leurs manières campagnardes, avaient laissé subsister ces liens antiques et salutaires rompus dans presque tout le royaume.

Ne se sentant chassés de France ni par la persécution, ni par leur vanité blessée ; comprenant au contraire qu’ils seraient plus forts et plus utiles par leur influence et au milieu de ceux qui les entouraient, les gentilshommes poitevins ne voulaient point émigrer. La tyrannie d’une opinion aveugle ne leur permit pas de suivre, comme ils l’auraient voulu, la voix de la raison. Beaucoup quittèrent la France : Lescure, après avoir un instant passé la frontière, jugea qu’un tel parti était au moins prématuré ; il revint. Il eût peut-être émigré plus tard, si Louis XVI, qui voyait de plus en plus combien le trône avait besoin de rester entouré de serviteurs fidèles et dévoués, n’eût exigé que de Lescure demeurât à Paris. Son dévouement fut superflu : il fut le spectateur impuissant de la sanglante sédition du 10 août ; les dangers qu’il brava, lui et quelques-uns de ses amis, demeurèrent inaperçus au milieu de cette catastrophe.

Il passa quelques jours caché à Paris, tandis que les massacres s’y prolongeaient ; puis il parvint à se rendre en Poitou avec sa famille. Il trouva un asile dans son château de Clisson, près de Bressuire, au milieu d’une population dont il était aimé et respecté. Cependant la tyrannie révolutionnaire étendait chaque jour son joug. Bientôt les paysans de ces contrées, déjà blessés dans leur opinion religieuse, inquiets de voir la persécution qu’éprouvaient les grands propriétaires, se trouvèrent atteints à leur tour par un recrutement de trois cent mille hommes. Ils ne voulurent point obéir, et se révoltèrent. Leur première pensée fut de prendre pour chefs leurs seigneurs : les paysans des environs de Châtillon vinrent à Clisson, chez de Lescure, chercher de La Rochejaquelein, son cousin, qui avait ses propriétés dans une de leurs paroisses. Il n’hésita point sur le parti qu’il devait prendre, et de Lescure l’y encouragea.

De La Rochejaquelein se rendit vers Châtillon ; mais les paysans des environs de Clisson ayant commencé par se soumettre, de Lescure, qui ne pouvait s’éloigner du canton, où son influence devait être utile, resta exposé aux poursuites des autorités républicaines : il fut, avec toute sa famille, emmené en prison à Bressuire. Quoiqu’il fût vénéré des habitants de cette bourgade, et que les principaux d’entre eux n’eussent d’autre désir que de le sauver, ce fut par une sorte de miracle qu’il échappa aux violences d’une soldatesque accourue à la hâte pour combattre les insurgés.

Au bout de quelques jours, il fut délivré par l’armée vendéenne, qui s’empara de Bressuire. Dès lors il fut compté parmi les premiers chefs de cette armée, à laquelle se joignirent les paysans de son canton. Il prit la part la plus active aux travaux et aux dangers de cette vaste insurrection. Dès les premiers jours, il étonna les Vendéens par son intrépidité, en se précipitant le premier, et seul, sur un pont barricadé que gardaient les troupes républicaines devant Thouars.

A Fontenay, il entra aussi dans la ville, sans que personne osât d’abord le suivre, tant il était pressé d’aller délivrer des prisonniers vendéens qui y étaient renfermés. A Saumur, il fut blessé : enfin, en toute affaire, nul ne fut plus empressé et plus dévoué que lui. Au combat de Torfou, qui fut le dernier succès des Vendéens sur la rive gauche de la Loire, et où leurs efforts héroïques parvinrent à repousser pour quelques jours les troupes aguerries du général Kléber, on vit de Lescure mettre pied à terre, et crier aux paysans découragés : « Y a-t-il quatre cents hommes assez braves pour venir périr avec moi ? — Oui, monsieur « le marquis », répondirent les gens de la paroisse des Echaubroignes ; et, à leur tête, il se maintint pendant deux heures.

Peu de temps après, au combat de La Tremblaye, il fut atteint d’une balle à la tête et laissé pour mort sur la place. Un fidèle domestique le releva ; il respirait encore ; on le secourut, et il fut porté à la suite de l’armée vendéenne, qui, pressée de toutes parts, se vit, après la bataille de Cholet, contrainte de passer la Loire, emmenant avec elle une population éplorée et fugitive. De Lescure, dont la blessure laissait quelque espérance, aida encore de ses conseils et de sa constance ses braves compagnons ; il contribua à faire nommer de La Rochejaquelein chef de l’armée.

Lescure blessé passe la Loire à Saint-Florent

Lescure blessé passe la Loire à Saint-Florent

Après le passage de la Loire, il suivit la marche pénible des Vendéens à travers l’Anjou et la Bretagne. Les soins touchants de sa femme, les hommages de l’armée, ne pouvaient empêcher l’effet de tant de douleurs accablantes, qui venaient à chaque instant envenimer sa blessure. Il faut lire, dans les Mémoires de sa veuve, la peinture déchirante de cette lente agonie, de cette mort si noble et si sainte : aucun récit n’est plus attendrissant et ne manifeste des sentiments plus purs, une patience plus courageuse. Il mourut, pendant une marche de l’armée, entre Ernée et Fougères, le 3 novembre 1793.

De Lescure, au milieu des chefs célèbres de la Vendée, mérite une place à part. Sa bravoure était extrême, mais lui laissait toujours son calme accoutumé ; même, lorsqu’il se montrait téméraire, il ne cessait pas d’être de sang-froid. Il était l’officier le plus instruit de son armée ; lui seul à peu près avait étudié les livres de tactique et de fortification. D’autres entraînaient les soldats et l’armée par leur impétuosité ; pour lui, il exerçait une autorité fondée sur le respect et sur la force tranquille de sa volonté. Sa piété était exemplaire, et les paysans l’avaient surnommé le saint du Poitou, comme ils appelaient Cathelineau le saint d’Anjou. Son humanité avait quelque chose de merveilleux.

Dans une guerre où les généraux étaient soldats et combattaient sans cesse corps à corps, pas un homme n’a reçu la mort de sa main ; jamais il n’a laissé périr ou maltraiter un prisonnier, tant qu’il a pu s’y opposer, même dans un temps où les deux armées exerçaient l’une contre l’autre d’horribles représailles. Un jour un homme tira sur lui à bout portant ; il écarta le fusil et dit aux paysans : « Emmenez ce malheureux ! » Les paysans indignés le massacrèrent derrière lui ; il y courut sur-le-champ, et s’emporta avec une colère qu’on ne lui avait jamais vue : « C’est la seule fois, disait-il, qu’il eût proféré des jurements. » De Lescure a laissé une mémoire vénérée de tous les partis dans la Vendée ; parmi les hommes qui se sont illustrés dans cette guerre, aucun n’a acquis une gloire aussi pure.

 
 
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