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Le grand voyage de Lascaux. Copie saisissante de réalisme de la célèbre grotte. Peintures rupestres

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Patrimoine de France
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Le grand voyage de Lascaux :
une copie saisissante de réalisme
de la célèbre grotte
(Source : Le Figaro)
Publié / Mis à jour le mercredi 17 octobre 2012, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
L’exposition internationale Lascaux, inaugurée à Bordeaux le 12 octobre 2012, avant un tour du monde de plusieurs années, fait renaître la magie de cette chapelle Sixtine de la Préhistoire. Jusqu’à la fin de l’année, les visiteurs auront la chance de s’immerger dans une nouvelle copie, saisissante de réalisme, de la célèbre grotte ornée par nos ancêtres de la période solutréo-magdalénienne

Ils pourront admirer ainsi, comme devant les peintures originales, tout le génie de ces artistes. Cette émotion ressentie face aux merveilleux chevaux, cerfs et taureaux polychromes peints il y a 20 000 ans, ce sera ensuite aux visiteurs du Field Museum de Chicago de la vivre, en 2013, puis à ceux de Montréal.

Cette grande vache noire est l'un des principaux chefs-d'oeuvre présentés à l'exposition internationale

Cette grande vache noire est l’un des principaux chefs-d’œuvre présentés à l’exposition internationale

A travers cette exposition, « Lascaux » entamera alors un tour du monde de plusieurs années. Jamais, auparavant, une grotte ornée n’avait ainsi été copiée pour être transportée sur plusieurs continents. Une première mondiale, qui confirme un peu plus le destin extraordinaire de Lascaux, située le long de la Vézère, en Dordogne... Voilà 20 000 ans, elle fut ornée de centaines de gravures et peintures somptueuses, à vocation cultuelle, par des tribus de chasseurs-cueilleurs.

Un sommeil de plusieurs millénaires
Après le départ de ces hommes, descendants de nomades venus d’Asie et auparavant d’Afrique, la grotte entrait dans un sommeil de plusieurs millénaires, favorisé par l’effondrement de son porche d’entrée. Elle en sera tirée, en 1940, par quatre adolescents curieux et téméraires (Marcel Ravidat, Jacques Marsal, Georges Agniel et Simon Coencas), partis du village voisin de Montignac à la recherche d’un hypothétique trésor. Pendant plus de vingt ans, Lascaux, baptisée la « chapelle Sixtine de la préhistoire » par l’abbé Breuil, qui fut le premier à l’étudier, verra défiler des milliers de curieux, entraînant au passage une dégradation des peintures, sous forme de taches vertes et blanches.

Depuis sa fermeture définitive au public, en 1963, et son inscription en 1979 sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, Lascaux n’a d’ailleurs pas complètement retrouvé son équilibre. Comme l’attestent deux épisodes de pollution aux micro-organismes, survenus en 2001 et 2006. Depuis 1983, c’est une copie située à 200 mètres de l’original qui permet au public d’admirer les beautés de Lascaux. Or, ce Lascaux II est incomplet, puisqu’il ne restitue que les deux premières salles du sanctuaire, la « rotonde des taureaux » et le « diverticule axial ». D’où l’intérêt majeur de l’exposition internationale, ou « Lascaux III », qui révèle enfin des parties méconnues de Lascaux, appelées la « nef » et le « puits ».

Cinq panneaux comportant plusieurs dizaines de figures sont ainsi présentés, dans une ambiance proche de celle de la cavité : semi-pénombre, silence, éclairage intimiste... Il s’agit du « bison de l’empreinte », de la « vache noire », des « bisons adossés », de la « frise des cerfs ». Et de la mystérieuse « scène du puits », cachée dans la grotte originale, dans un recoin uniquement accessible par une échelle métallique. Une scène, avec son énigmatique personnage anthropomorphe tombant à la renverse face à un bison menaçant, qui illustre toute la complexité de l’art de Lascaux. Chaman de la préhistoire, vision d’un chasseur terrassé par sa proie, représentation de l’au-delà ? Le mystère reste entier, malgré plus de soixante-dix années d’étude scientifique de la cavité...

Complétée par des dispositifs multimédias, l’emploi de la 3D, ou encore des reconstitutions de la vie quotidienne du temps de la préhistoire, cette « nef », restituée au millimètre près, ressuscite pour les visiteurs la magie éternelle de Lascaux. Ici, sur le panneau de la « vache noire », c’est le regard craintif d’un petit cheval, peint à l’ocre rouge, qui est parfaitement rendu... Là, sous les sabots du grand bovidé gravé et peint au bioxyde de manganèse noir, ce sont deux blasons énigmatiques, formés de plusieurs carrés multicolores, violets, bruns, rouges et noirs qui nous interrogent, comme ils questionnent les chercheurs : constituaient-ils des marqueurs de territoires, ou d’appartenance à un groupe social, à une tribu paléolithique ?

On ne le saura certainement jamais. En tout cas, ces signes colorés illustrent parfaitement la maîtrise que les peintres du paléolithique avaient acquise de leurs pigments, qu’ils recueillaient dans la grotte même ou dans les environs. Ils savaient en effet les mélanger savamment, pour obtenir la riche palette polychrome qui caractérise Lascaux, et la distingue des nombreuses autres grottes ornées datant de la même époque...

Les préhistoriens sont émus aux larmes
Face aux panneaux présentés à Bordeaux, on comprend aussi pourquoi le grand Pablo Picasso, après une visite qu’il aurait réalisée dans la cavité dès 1940, se serait exclamé, bouleversé : « J’ai enfin trouvé mon maître ! » A Lascaux, l’explosion créative est en effet partout, dans l’œil, la crinière, la ligne de dos du moindre cheval, bison ou cerf, patiemment observés dans la nature avant d’être brillamment exécutés. La maîtrise du geste, le rendu des perspectives et l’emploi des trois dimensions du relief naturel sont au service d’un projet élaboré, d’un savant agencement des espèces animales.

Au point de bouleverser les spécialistes les plus aguerris, comme le préhistorien Jean Clottes, ému aux larmes à chacune de ses visites dans le sanctuaire... alors qu’il a visité des centaines de sites rupestres à travers le monde : « Les images de Lascaux constituent l’un des apogées du génie humain », juge-t-il. Pour la peintre Monique Peytral, principal auteur des peintures de Lascaux II, « on ne sort pas indemne de Lascaux, tant la leçon de vie, mais aussi de passage vers un ailleurs mystérieux, vous saisit ». Illustration de cette force créatrice à l’œuvre : le panneau des « bisons adossés », situé au fond de la « nef » et figurant deux puissants mammifères. Muscles tendus, comme doués de vie, ils semblent bondir sur la paroi. De plus, leur pelage correspondrait à celui de la saison des amours, comme l’a montré le regretté préhistorien Norbert Aujoulat.

La reproduction de chaque panneau présenté à l'exposition a nécessité plus d'un an de travail

La reproduction de chaque panneau présenté à l’exposition a nécessité plus d’un an de travail

Ainsi, c’est une véritable ode à la vie qui serait représentée sur les parois du sanctuaire, fidèlement retranscrite lors de l’exposition internationale. Pour restituer aussi parfaitement cet art unique, les peintres, sculpteurs et techniciens de l’Atelier des fac-similés du Périgord (AFSP), en charge de la copie des panneaux, ont travaillé durant plusieurs années. Leur patient labeur s’est déroulé dans l’ambiance sereine, presque monacale, d’un vaste hangar situé à la sortie de Montignac, encombré de projecteurs et de spots lumineux rappelant un plateau de cinéma.

Là, pinceaux, grattoirs et éponges en main, les artistes reproduisent patiemment les gestes de leurs prédécesseurs. Première étape, le modelage des volumes et des reliefs sinueux de la paroi, réalisé en partie à la main, qui peut prendre plusieurs mois pour un seul panneau. Puis, les plasticiens appliquent sur le moule une couche minérale appelée « voile de pierre ». Ce procédé breveté donne au panneau factice son grain caractéristique, identique à l’original. Les « faussaires » reproduisent ensuite les patines colorées de la paroi, en déposant des argiles et des poudres de verre. Avant de restituer les figures, au moyen de pigments naturels, et sous le contrôle de projections de photographies prises dans Lascaux...

C’est la main de l’homme de Lascaux que l’on ressent
Derrière chaque trait peint ou gravé, c’est la main de l’homme de Lascaux que l’on ressent : « Ce travail suscite en moi l’émotion, toujours intacte, de percevoir la trace de la naissance d’un acte créateur qui est resté inchangé depuis des millénaires », témoigne ainsi Francis Ringenbach, directeur artistique de l’Atelier des fac-similés. Ces techniques originales seront de nouveau employées pour la prochaine reproduction de Lascaux : une copie, intégrale cette fois, de la cavité périgourdine, prévue par le conseil général de la Dordogne à l’horizon 2015, dans le cadre du Centre international d’art pariétal de Montignac-Lascaux (CIAPML), ou Lascaux IV.

Et ce, malgré la récente décision du ministère de la Culture de ne pas contribuer à ce projet d’envergure internationale, pourtant indispensable. Implanté au pied de la colline qui abrite le sanctuaire, Lascaux IV permettra en effet de préserver l’original, en éloignant visiteurs et curieux de ses environs immédiats. Mais surtout, il offrira au message de vie et d’humanité, transmis il y a 20 000 ans par nos ancêtres du paléolithique, un écrin à la mesure de son infinie beauté.

Infos pratiques :
« Lascaux ». Exposition internationale, du 13 octobre au 7 janvier 2103, Cap Sciences, quai de Bacalan à Bordeaux.

Renseignements au 05.56.01.07.07 ou sur www.cap-sciences.net

Pedro Lima
Le Figaro

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