Éphéméride, événements Les événements du 9 octobre. Pour un jour donné, découvrez un événement ayant marqué notre Histoire. Calendrier historique 9 octobre 1768 : mort de l’abbéPierre-Joseph Thoulier d’Olivet Publié / Mis à jour le jeudi 4 octobre 2012, par Redaction Temps de lecture estimé : 4 mn Joseph Thoulier d’Olivet naquit le 1er avril 1682. « Il était fort robuste d’âme et de corps, dit l’abbé Batteux, (en recevant à l’Académie l’abbé Condillac, successeur de l’abbé d’Olivet) ; et quand on eût voulu, ajoute-t-il, lui donner une éducation molle, il l’eût repoussée par son caractère. » Il fut élevé par son père, depuis conseiller au parlement de Franche-Comté. Il eut un oncle jésuite célèbre : il fut jésuite lui-même jusqu’à trente-trois ans ; il renvoya l’habit assez brusquement après avoir sollicité, trop longtemps à son gré, la permission de le quitter. Occupé de l’enseignement public pendant cet intervalle, il se donna cette seconde éducation, dont la première n’est jamais qu’une ébauche. Il essaya ses talent dans divers genres ; il fut poète, il fut prédicateur : il crut dans la suite devoir laisser la poésie aux Despréaux et aux Racine, la prédication aux Bourdaloue et aux Massillon ; il se livra tout entier à ce genre, mêlé de littérature et de philosophie, qui nourrit l’âme et qui l’exerce : il s’attacha particulièrement à Cicéron, parce qu’il ne trouvait nulle part une source si vive, si pure, si abondante de morale et de goût. Quelque temps avant sa sortie des jésuites, on voulut lui confier l’éducation des princes des Asturies. Il aima mieux venir à Paris vivre dans le sein des lettres. Il se fit en peu d’années une telle réputation que, « lorsqu’il était à rendre les derniers soins à un père mourant, l’Académie le choisit, absent, par la seule considération de son mérite. Il n’eut besoin que d’un ami, pour répondre à l’Académie de son désir. » L’abbé d’Olivet a continué l’Histoire de l’Académie française, depuis 1652 jusqu’en 1700. II a lutté contre Pélisson, en donnant à son ouvrage une forme plus difficile, et il n’a pas eu moins de succès. Son Traité de la Prosodie française, ses Essais de Grammaire ont été accueillis du public. On connaît la précision et la finesse de ses remarques sur Racine. « Quel travers absurde, dit l’abbé Batteux, d’aller prendre ces remarques pour un acte d’hostilité, et de vouloir venger Racine d’un hommage qu’on lui rendait ! » Ce fut le hasard qui fit d’Olivet traducteur. Il s’était chargé de revoir quelques traductions de Maucroix ; sa manière de les revoir, fut de les refaire d’un bout à l’autre, et il les donna cependant au public sous le nom de Maucroix. Lorsque dans la suite, dit son panégyriste, il voulut revendiquer son propre bien, il eut à combattre, et fut obligé de produire ses titres. Mais pourquoi avait-il publié ces traductions sous le nom de Maucroix, ou pourquoi les réclama-t-il dans la suite ? Se proposait-il de les laisser à Maucroix, si elles n’eussent pas réussi, et ne les réclamait-il qu’à cause du succès ? Sa traduction des Entretiens de Cicéron sur la Nature des Dieux, et l’édition qu’il donna du fameux traité de Huet, de la Faiblesse de l’Esprit humain, lui attirèrent des démêlés fâcheux, et l’engagèrent à brûler une Histoire de l’Académie d’Athènes, qui aurait été le pendant de celle l’Académie française. Ce fut la cour d’Angleterre qui proposa d’abord à l’abbé d’Olivet la magnifique édition qu’il a donnée de Cicéron. « Il montra les lettres à M. le cardinal de Fleury ; et, oubliant les riches promesses de l’étranger, il consacra à l’éducation de Monseigneur le Dauphin, le travail qu’il eût offert au duc de Cumberland. Quand cet ouvrage long et pénible fut achevé, on lui donna une pension de 1500 fr. sur la cassette. Il fut plus flatté, ajoute l’abbé Batteux, de celle distinction que de cette récompense. » Le pape Clément XI à Rome, Newton et Pope à Londres, le traitèrent avec une distinction qui supposait une haute estime et une réputation peu commune. Il avait l’accès le plus familier chez le cardinal de Fleury ; l’évêque de Mirepoix l’écoutait avec confiance : ces deux prélats furent plus d’une fois étonnés de son zèle pour les autres, et son indifférence pour lui-même. Une demande à faire lui eût plus coûté que ses désirs à modérer. « Dès que l’abbé d’Olivet se sentit affaibli, il fit la revue de ses papiers, et supprima (dit toujours l’abbé Batteux) tout ce qui pouvait paraître inutile à un esprit, peut-être trop près du terme pour apprécier ces objets. Cette rigueur nous a privés de quantité de détails sur sa vie, et de plusieurs morceaux intéressants pour les lettres. » Ce fut à l’Académie que l’abbé d’Olivet sentit les premières atteintes de la maladie qui l’a enlevé. « Il vit le danger et en parla sans détour, comme d’un événement qui ne l’aurait point regardé : Ce soir, cette nuit, quand on voudra ; j’ai tout prévu. Il conserva celte égalité d’âme jusqu’à la fin, sans ennui, dans la même situation, pendant deux mois, sans plaintes dans les douleurs, parlant souvent de Dieu avec confiance, et des lettres par distraction. Il mourut ainsi dans la sécurité d’un homme qui a fait un usage légitime de ses talents, et qui n’a rien à effacer dans ses écrits. Il est mort le 9 octobre 1768, âgé de quatre-vingt-sept ans. » Voilà ce que l’amitié a dit de l’abbé d’Olivet, dans une occasion même où elle était obligée de louer. L’histoire, réduite à toute sa sincérité, ou se permettant même, si l’on veut, un peu de malice, l’a moins bien traité dans les éloges des académiciens, de d’Alembert, dernière partie de l’histoire de l’Académie, aussi piquante et aussi agréable que les deux premières, malgré leur ancienne réputation, sont sèches et froides : on y parle de son extérieur peu attirant, et presque fait pour repousser ceux qui n’y étaient pas aguerris ; on lui attribue des principes de goût peu sûrs, d’ailleurs exclusifs : Cicéron seul était son oracle parmi les anciens, Despréaux seul parmi les modernes. Il semblait répéter sans cesse à tout ce qui l’environnait, l’espèce de cri de guerre qu’il a fait retentir dans une de ses harangues académiques : lisez Cicéron, lisez Cicéron. Il disait de Thomas : Il a trop lu Tacite. Dans le temps qu’il était encore jésuite, sous le nom de P. Thoulier, il eut le bonheur de rendre un service d’ami à Despréaux, qui dès lors l’appelait déjà mon illustre père. Quoiqu’il n’ait pu avoir que vingt-neuf ans à la mort de Boileau, le père le Tellier, qui n’aimait pas ce poète, à cause de ses liaisons avec Port-Royal, affectait de le croire l’auteur d’une mauvaise satire qui courait alors contre les jésuites, parce que c’était un moyen de le perdre dans l’esprit de Louis XIV ; le père Thoulier ne négligea rien pour persuader de l’innocence de Boileau, ce père le Tellier qui lui-même craignait de se voir détrompé. La réponse du père le Tellier a des traits curieux. « Ces discours, tenus en particulier (dit-il, en parlant du désaveu de Boileau, que le père Thoulier lui attestait) n’empêchent point que le public ne continue à lui attribuer ces vers ; et nos ennemis, qui les répandent avec empressement, lui en font honneur dans le monde. Ce n’est point nous, c’est le public et le roi qu’il a intérêt de détromper, et il a si bien le moyen de le faire quand il voudra. (...) S’il ne le faisait pas, il donnerait lieu, à ceux qui ne l’aimeraient point, de dire qu’il a bien voulu avoir auprès de nos ennemis le mérite d’avoir fait ces vers-là, sans avoir auprès de nous la témérité de les avoir faits. » On sait que ce fut l’abbé d’Olivet qui empêcha Piron d’être reçu à l’Académie française, pour venger l’honneur d’Apollon et des Muses compromis dans une ode devenue trop fameuse. Piron s’en vengea par l’épitaphe suivante : Ci-gît maitre Jobelin,Suppôt du pays latin,Juré peseur de diphthongue,Endoctriné de tout pointSur la virgule, le point,La syllabe brève et longue,Sur l’accent grave, l’aigu,Le circonflexe tordu,L’U voyelle et l’V consonne.Ce genre qui le charma,Et dans lequel il prima,Fut sa passion mignonne :Son huile il y consuma.Dans ce cercle il s’enferma,Et de son chant monotone,Tout le monde il assomma.Du reste, il n’aima personne ;Personne aussi ne l’aima. 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