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25 septembre 1626 : mort du poète Théophile de Viau

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25 septembre 1626 : mort du
poète Théophile de Viau
Publié / Mis à jour le samedi 25 septembre 2021, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 
 
 
Théophile de Viau dut à ses malheurs autant qu’à ses productions une célébrité qui devait peu lui survivre ; et il serait peut-être entièrement oublié s’il n’était du nombre de ces écrivains que Boileau a immolés dans ses satires.

Théophile, car c’est sous ce prénom qu’on le désigne habituellement, naquit l’an 1590, non à Clairac, ainsi que l’ont avancé plusieurs biographes, et tous les annotateurs de Despréaux ; mais à Boussères-Sainte-Radegonde, village de l’Agenais : c’est ce dont on voit la preuve dans l’Apologie latine de Théophile, dans une Épître en vers qu’il adressa à Paul de Viau, son frère, et dans le Tombeau de Théophile, par Scudéry.

Il n’était pas fils d’un cabaretier de village, comme Moréri l’a répété d’après le jésuite Garasse. Son aïeul avait été secrétaire de la reine de Navarre ; son oncle, brave officier, fut nommé gouverneur de Tournon par Henri IV, en récompense de ses services ; enfin le père de Théophile, après avoir exercé la profession d’avocat à Bordeaux, s’était vu forcé par la guerre civile, sans doute parce qu’il était huguenot, de se retirer à Boussères, dans le manoir « bâti par ses ancêtres, et dont la tour élevée dominait les modestes habitations voisines ».

Théophile de Viau

Théophile de Viau

Là, il s’adonna entièrement à l’étude ; et l’on ne peut qu’avoir une haute idée de ses connaissances, si ce fut lui qui forma son fils. Théophile vint à Paris, en 1610, à l’âge de vingt ans : « C’était, dit Voltaire, un jeune homme de bonne compagnie, faisant très facilement des vers médiocres, mais qui eurent de la réputation ; très instruit dans les belles-lettres, écrivant purement en latin ; homme de table autant que de cabinet, bien venu chez les jeunes seigneurs qui se piquaient d’esprit, et surtout chez cet illustre et malheureux duc de Montmorency qui, après avoir gagné des batailles, mourut sur un échafaud. »

Ce fut alors que Théophile forma avec l’écrivain libertin Jean-Louis Guez de Balzac une liaison très étroite, qui donna même lieu à des médisances, mais qui ne dura pas longtemps. Ils se brouillèrent à la suite d’un voyage qu’ils firent ensemble en Hollande (1612). On n’a jamais su positivement la cause de cette rupture : on lit seulement dans un auteur contemporain que Balzac « joua un mauvais tour » à Théophile ; et celui-ci, dans la dernière Lettre qu’il fit imprimer contre son compagnon de voyage, reproche à Balzac deux ou trois aventures fâcheuses.

« Je ne parle point, lui dit-il, du pillage les auteurs. Le gendre du docteur Baudius vous accuse d’une autre sorte de larcin : en cet endroit j’aime mieux paraître obscur que vindicatif. S’il se fût trouvé quelque chose de semblable en mon procès, j’en fusse mort, et vous n’eussiez jamais eu la peur que vous fait ma délivrance. J’attendais en ma captivité quelque ressentiment de l’obligation que vous m’avez depuis ce voyage... Je ne me repens pas d’avoir pris autrefois l’épée pour vous sauver du bâton... »

Cette Lettre est d’autant plus accablante que celui qu’elle offensait si cruellement ne répliqua point ; et pourtant il était l’agresseur : c’était Balzac qui, réchauffant une querelle de plus de dix années, avait provoqué le juste ressentiment de Théophile, en se joignant à tous les ennemis de ce poète alors en prison, et sous le poids d’un procès criminel, pour ne lui adresser, au reste, que de vagues reproches.

A son retour de Hollande, Théophile composa plusieurs pièces de vers pour les fêtes et divertissements de la cour. C’est alors qu’il fit la tragédie de Pasiphaé, qui n’a pas été imprimée dans le Recueil de ses Œuvres, mais qui l’a été séparément en 1631. Il plaisait généralement par ses saillies et ses impromptus, dont plusieurs sont encore cités aujourd’hui. Mais ses mœurs déréglées, bien qu’assez conformes à celles des courtisans de son temps, et quelques pièces de vers licencieuses et satiriques, lui suscitèrent des ennemis puissants. Ils obtinrent du roi un ordre qui l’obligeait à sortir du royaume, et qui lui fut signifié au mois de mai 1619, par le chevalier du guet.

Théophile se rendit à Londres, où il ne put obtenir l’honneur d’être présenté au roi Jacques Ier. Prenant gaiement son parti, il fit, à cette occasion, cette boutade rimée :

Si Jacques, le roi du savoir,
N’a pu trouvé bon de me voir,
En voici la cause infaillible :
C’est que ravi de mon écrit,
Il crut que j’étais tout esprit,
Et par conséquent invisible.

Une Ode adressée au roi Louis XIII, par ce poète, pendant son exil , et qui commence par ce vers : Celui qui lance le tonnerre, est peut-être la meilleure de ses pièces. Les stances y tombent avec grâce ; les idées sont poétiques, et le style offre cette convenance qu’on regrette souvent de ne pas trouver dans les autres productions de Théophile. Ayant obtenu la permission de revenir en France, il se fit instruire dans la religion catholique par les jésuites Athanase et Arnoux, et abjura le calvinisme entre les mains du père Séguirand. Mais en changeant de religion, il ne réforma pas ses mœurs ; et comme ses saillies continuaient à lui faire beaucoup d’ennemis, il se vit en butte à de nouvelles accusations.

Théophile de Viau composant le poème La Maison de Sylvie

Théophile de Viau composant le poème La Maison de Sylvie

On lui attribua la publication du Parnasse des vers satiriques, recueil rempli d’obscénités sacrilèges (1622). Bien que Théophile fût l’auteur de plusieurs des pièces de ce recueil, tout porte à croire qu’il n’avait aucune part à son impression, puisque, dès qu’il connut ce libelle, il se pourvut devant le prévôt de Paris, pour en obtenir la suppression. L’ouvrage fut en effet saisi et flétri ; plusieurs imprimeurs et libraires furent emprisonnés ; mais aucun d’eux n’accusa Théophile.

Cependant il n’en fut pas moins poursuivi criminellement. Il avait pour accusateurs plusieurs membres de la société de Jésus, entre autres les pères Garasse, Guérin, Raynaud et Voisin. Le premier, dans son livre intitulé : Doctrine curieuse des Beaux-Esprits de ce temps, accusait Théophile d’athéisme, de libertinage désordonné, et torturait les vers de ce poète, pour en tirer le sens le plus coupable. Les deux autres, Guérin et Raynaud, déshonorant la chaire, violèrent toutes les convenances, en le nommant dans leurs sermons. Guérin prit même un jour pour texte : Maudit sois-tu, Théophile !

Plus dangereux que les trois autres, le Père Voisin, qui avait un grand crédit auprès du cardinal de La Rochefoucauld, poursuivit le procès avec beaucoup d’activité, suborna des témoins et obtint, par l’entremise du Père Caussin, confesseur du roi, un décret de prise de corps contre Théophile, sur l’accusation d’impiété et d’athéisme. Celui-ci, voyant qu’il avait tout à craindre de l’acharnement et du crédit de ceux qui le poursuivaient, prit la fuite. Il fut cinq ou six mois errant en divers lieux : ses ennemis représentèrent son éloignement comme un aveu implicite ; et le 19 août 1623, le parlement le condamna par contumace, comme criminel de lèse-majesté divine et humaine, à faire amende honorable devant l’église Notre-Dame, et à être brûlé vif.

L’exécution de cette sentence en effigie n’assouvit point la rage des persécuteurs du poète. Il avait des amis qui s’intéressaient à son sort. Le duc de Montmorency lui avait donné asile à Chantilly. Le roi, sans oser le protéger ouvertement contre les Jésuites, lui continuait sa pension, et donnait son consentement tacite à ce qu’il ne fût point recherché dans sa retraite. Le parlement, imitant la bonté du monarque, permettait à Théophile de fuir lentement ; mais le père Voisin le fit arrêter au Catelet, par un lieutenant de la connétablie, nommé Leblanc, qui le conduisit à Saint-Quentin, chargé de fers, en criant à la populace : C’est un athée que nous allons brûler.

Après avoir passé quelques jours dans un cachot infect et humide, Théophile fut mené à Paris, toujours enchaîné ; on le lia sur un mauvais cheval, et on le transféra à la conciergerie, dans le cachot de Ravaillac, où il resta six mois en proie à toutes les souffrances, et sans que la révision de son procès commençât. Sa liberté d’esprit ne l’abandonna point : les apologies, tant en vers qu’en prose, qu’il composa à cette époque, en sont la preuve.

Enfin, après une procédure qui dura dix-huit mois, le parlement, malgré la haute influence des persécuteurs de Théophile, révoqua la sentence qui le condamnait à être brûlé vif, et commua cette peine en un simple bannissement de la capitale. Dès que le poète eut recouvré sa liberté, il se retira à Chantilly, chez le duc de Montmorency. Bientôt même, grâce à ce généreux protecteur, il put revenir à Paris. Mais les maux qu’il avait soufferts ne tardèrent pas à lui causer une maladie qui l’emporta, le 25 septembre 1626, à l’âge de trente-six ans.

Tous les auteurs contemporains qui ont parlé de Théophile s’accordent à lui reconnaître plus d’esprit et d’imagination que de jugement (Pélisson, dans Relation de l’histoire de l’académie française, édition de 1672). Selon le père Rapin, les hardiesses de ce poète « furent souvent heureuses à force de se permettre tout » ; et suivant Guéret, dans la Guerre des auteurs, « il avait plus de talent pour les stances que pour les autres espèces de vers. » Théophile n’en eut pas moins, de son temps, des admirateurs qui le mettaient au-dessus de Malherbe. Il fit même école : Mairet, Scudéry, Pradon, se faisaient gloire de l’imiter ; mais après avoir été exalté bien au-dessus de son mérite, il tomba trop tôt dans un injuste oubli. « Dans ma jeunesse, dit Saint-Évremond, on admirait Théophile, malgré ses irrégularités et ses négligences, qui échappaient au peu de délicatesse des courtisans de ce temps-là. Je l’ai vu décrié depuis par tous les versificateurs, sans aucun égard à sa belle imagination, et aux grâces heureuses de son génie . » (Observations sur le goût et le discernement des Français)

Lors de la fondation de l’académie française, lorsque l’on dressa le projet du Dictionnaire, en 1638, Théophile fut mis dans le catalogue des poètes dont les écrits devaient servir d’autorité.

 
 
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