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24 août 79 : mort de Pline l’Ancien

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24 août 79 : mort de Pline l’Ancien
Publié / Mis à jour le vendredi 24 août 2012, par Redaction
 
 
 

Le savant le plus illustre que Rome ait produit dans le siècle des Césars, l’homme de l’antiquité qui a peut-être le plus lu et compilé avec le plus de constance et de courage, mais non pas, à beaucoup près, celui qui a montré le plus d’esprit philosophique dans la manière de rédiger ses écrits, le philosophe qui fut naturaliste et physicien autant qu’on pouvait l’être, sur de simples lectures, dans des temps d’ignorance ou de fausse science, est Caius Plinius Secundus, appelé chez nous Pline l’Ancien, ou Pline le naturaliste.

Côme et Vérone se disputent l’honneur d’avoir donné naissance à Pline. Il vint au monde en 23 après J.-C. ; sa famille était riche et considérée. Les détails de sa vie sont peu connus. On sait seulement qu’il se rendit de bonne heure à Rome, et qu’ensuite il séjourna quelque temps sur les côtes d’Afrique, où il fut témoin d’un phénomène dont plusieurs autres exemples se sont offerts depuis, le prétendu changement de sexe d’un individu, qui, après avoir été-regardé comme fille pendant nombre d’années,se trouva être un garçon le jour même de ses noces. Fort jeune encore, Pline obtint de l’emploi dans les troupes romaines en Germanie, et il y commanda un corps considérable de cavalerie.

Pendant les loisirs que lui laissaient ses occupations militaires, il composa un traité sur l’art de lancer le javelot, où la méthode et le talent se faisaient également remarquer. Il parcourut aussi la Germanie d’un bout à l’autre, car il assure avoir vu les sources du Danube, et visité un peuple qui habitait sur les côtes de l’Océan. Plus tard, payant tribut à la reconnaissance, il écrivit la vie de son général, Lucius Pomponius Secundus, qui avait eu beaucoup d’amitié pour lui, et entreprit l’histoire de toutes les guerres soutenues par les Romains dans les contrées germaniques.

Reconstitution de l'éruption du Vésuve dans le docufiction Le dernier jour de Pompéi

Reconstitution de l’éruption du Vésuve dans le docufiction Le dernier jour de Pompéi. © BBC

Revenu à Rome avec Pomponius, il abandonna la carrière militaire, qu’il avait suivie pendant sept années, et se lança dans celle du barreau ; mais, plutôt rhéteur et grammairien habile qu’éloquent orateur, il brilla peu dans les causes qu’il plaida, et qui n’auraient pas suffi pour glisser son nom sur les tables de la renommée, comme dit Tacite. Il passait aussi une partie de son -temps sur les bords délicieux du lac de Côme, où la naissance d’un neveu, qui s’est rendu célèbre, lui inspira l’idée d’un ouvrage d’éducation à l’usage de l’orateur. Sur la fin du règne de Néron, lorsque la tyrannie rendait dangereux tout genre d’étude plus libre et plus relevé, il s’occupa d’un traité grammatical sur les difficultés de la langue latine.

Tout porte à croire que déjà il remplissait les fonctions de procurateur impérial en Espagne, et qu’il conserva cette place pendant les troubles occasionnés par Galba, Othon et Vitellius, et même pendant les premiers temps de Vespasien. A son retour en Italie, ce prince, avec qui il s’était lié durant les guerres d’Allemagne, l’accueillit de la manière la plus distinguée, l’admit au nombre de ses familiers, et l’éleva au rang d’amiral de la flotte destinée à garder toute la partie de la Méditerranée comprise entre l’Italie, les Gaules, l’Espagne et l’Afrique.

Cependant les charges publiques ne l’empêchèrent pas de se livrer à ses études favorites, et de mettre la dernière main à une histoire romaine, conduisant jusqu’à la fin du règne de Vespasien celle qu’avait écrite Aufidius Bassus, et à une historie générale de la nature, dont il rassemblait les immenses matériaux depuis longtemps. L’année qui suivit la publication de ce dernier travail fut celle de sa mort.

Il était à Messine, avec la flotte, lorsque le Vésuve, immobile depuis des siècles, sortit tout à coup de son long engourdissement, et donna lieu à la fameuse éruption dont les débris ensevelirent Herculanum et Pompéi. Pline, voulant observer de près cette terrible convulsion de la nature, et porter secours à ceux qui en étaient les victimes, s’approcha de la côte, et, malgré les cendres brûlantes qui pleuvaient sur son bâtiment, se fit mettre à terre non loin de Stabia. Une mer houleuse et contraire ne lui permit pas de se rembarquer, et il fut étouffé par la fumée. Trois jours après on retrouva son corps entier et sans blessures.

Pline fut un des écrivains les plus féconds de l’ancienne Rome, parce qu’il fut aussi l’un des hommes les plus laborieux qui aient existé. Doué d’un esprit ardent, d’un zèle infatigable et d’une vigilance extrême, il consacrait à l’étude tous les moments qui restaient à sa disposition, et son genre de vie était réglé de manière à n’en perdre aucun, même pendant ses repas, ses voyages et ses courses en litière dans les rues de Rome. C’est par cette prodigieuse application qu’il parvint à laisser cent soixante volumes d’extraits, écrits sur la page et sur le revers, en très petits caractères ; car il ne lisait rien sans prendre des notes, et il avait coutume de dire qu’il n’y a point de si mauvais livre dont on ne puisse tirer quelque chose d’utile.

De tous les ouvrages qu’il avait écrits, un seul est arrivé jusqu’à nous ; mais cette étonnante et vaste composition, l’un des monuments les plus précieux que l’antiquité nous ait transmis, à laquelle, dans son genre, on n’en peut comparer aucune, console un peu de la perte des autres par son universalité, puisqu’elle embrasse le cadre presque entier des connaissances humaines, et présente un tableau à peu près complet du savoir des anciens en tout genre.

Voici comment Buffon a jugé Pline : « Il travaillait sur un plan bien plus vaste que celui d’Aristote, et peut-être trop vaste. Il a voulu tout embrasser, et il semble avoir mesuré la nature et l’avoir trouvée trop petite encore pour son esprit. Son Histoire naturelle comprend, indépendamment de l’histoire des animaux, des plantes et des minéraux, l’histoire du ciel et de la terre, la médecine, le commerce, la navigation, l’histoire des arts libéraux et mécaniques, l’origine des usages, enfin toutes les sciences naturelles et tous les arts humains ; et ce qu’il y a de plus étonnant, c’est que, dans chaque partie, Pline est également grand. L’élévation des idées, la noblesse du style relèvent encore sa profonde érudition.

« Non seulement il savait tout ce qu’on pouvait savoir de son temps, mais il avait cette facilité de penser en grand, qui multiplie la science ; il avait cette finesse de réflexion, de laquelle dépendent l’élégance et le goût, et il communique à ses lecteurs une certaine liberté d’esprit, une hardiesse de penser qui est le germe de la philosophie. Son ouvrage, tout aussi varié que la nature, la peint toujours en beau : c’est, si l’on veut, une compilation de tout ce qui avait été écrit avant lui, une copie de tout ce qui avait été fait d’excellent et d’utile à savoir ; mais cette copie a de si grands traits, cette compilation contient des choses rassemblées d’une manière si neuve, qu’elle est préférable à la plupart des ouvrages originaux qui traitent des mêmes matières. »

C’est donc une véritable encyclopédie de son temps que Pline a voulu écrire. Mais il n’a rempli son but qu’imparfaitement, car dès qu’il ne se bornait point à la nature matérielle, et qu’il admettait dans son plan l’homme manifestant par des actes l’intelligence qui le caractérise, il aurait dû épuiser l’immense série de ces actes et de toutes les inventions qui en découlent. Or, c’est ce que Pline n’a point fait, et les additions dont il a surchargé le cercle déjà immense qu’il se proposait de parcourir, sont de trop ou se bornent à trop peu de chose. Au brillant panégyrique de Buffon, opposons le jugement du plus grand naturaliste du XIXe siècle, Cuvier : « Pline n’est, en général, qu’un compilateur, et même le plus souvent un compilateur qui, n’ayant point par lui-même d’idée des choses sur lesquelles il rassemble les témoignages des autres, n’a pu apprécier la vérité de ces témoignages, ni même toujours comprendre ce qu’ils ont voulu dire.

« C’est un auteur sans critique, qui, après avoir passé beaucoup de temps à faire des extraits, les a rangés sous certains chapitres, en y joignant des réflexions qui ne se rapportent point à la science proprement dite, mais offrent alternativement les croyances les plus superstitieuses ou les déclamations d’une philosophie chagrine, qui accuse sans cesse l’homme, la nature et les dieux mêmes. On ne doit donc point considérer les faits qu’il accumule dans leurs rapports avec l’opinion qu’il s’en faisait ; mais il faut les rendre, par la pensée, aux écrivains dont il les a tirés, et y appliquer les règles de la critique, d’après ce que nous savons de ces écrivains et des circonstances où ils se sont trouvés.

« Etudiée ainsi, l’Histoire naturelle de Pline nous offre encore une des mines les plus fécondes, puisqu’elle se compose des extraits de plus de deux mille volumes dus à des auteurs de tout genre, dont nous ne possédons plus qu’environ quarante. La comparaison de ses extraits avec les originaux que nous avons encore, fait connaître qu’il était loin de prendre de préférence, dans les auteurs,ce qu’ils avaient de plus important et de plus exact. En général, il s’attache aux choses singulières ou merveilleuses, à celles qui se prêtent davantage aux contrastes qu’il aime établir, ou aux reproches qu’il aime à faire à la Providence. Il est vrai qu’il n’ajoute pas une foi égale à tout ce qu’il rapporte ; mais c’est au hasard qu’il doute ou qu’il affirme, et les contes les plus puérils ne sont pas ceux qui provoquent le plus son incrédulité. »

défaut absolu d’ordre, de méthode ou de classification, absence de toute critique, infidélités fréquentes dans la traduction des textes grecs, insuffisance des descriptions, multiplication à l’infini des doubles emplois et des répétitions, contradictions sans nombre dans les récits, tels sont les défauts capitaux de la compilation que nous a laissée Pline. « Considérée sous le rapport des faits, dits Ajasson de Grandsagne dans une traduction qu’il publia au XIXe siècle, elle ne peut certainement être que d’une faible utilité aux modernes. Cependant la géographie et la partie de la minéralogie où il est question des arts et des beaux-arts doivent être exceptées de cet arrêt. On ne peut étudier à fond la géographie ancienne sans Pline, qui a si scrupuleusement enregistré les noms de peuples, de lieux, de fleuves qui sont venus jusqu’à lui.

« D’autre part, l’histoire de l’art est bien tracée ; il en indique l’origine, en suit les progrès, en caractérise les époques, en apprécie et en décrit les productions principales ; les artistes les plus célèbres sont nommés, et il entre dans des détails sur la manière dont ils travaillaient à leurs ouvrages Nul doute que, si l’on parvenait à l’entendre, on retrouverait quelques-uns des procédés à l’aide desquels l’industrie ancienne créait des produits que nous n’avons qu’imparfaitement imités.

« Mais si l’on veut examiner à quel point en était le monde romain, et quels pas avait faits la civilisation ; si l’on veut savoir quel était, à l’époque où les Césars, issus de César, descendirent du trône pour faire place à une autre dynastie, l’état des sciences, de l’agriculture, de l’industrie, des beaux-arts et des mœurs, l’encyclopédiste latin est un des meilleurs guides que l’on puisse choisir ; son ouvrage peut tenir lieu d’une bibliothèque latine et grecque. »

Malgré tout ce qu’on peut reprocher a Pline sous le rapport de la manière dont il a conçu et exécuté son immense travail quoique son mérite soit des plus faibles comme critique et surtout comme naturaliste, on n’en doit pas moins, sous le rapport du talent comme écrivain, le mettre au nombre des auteurs les plus recommandables et de ceux qui ont le plus de droit à être rangés parmi les classiques. L’énergie et la vivacité sont le caractère de son style, à la fois pittoresque et sévère, également éloigné de la molle abondance de Cicéron et du mauvais goût de Sénèque, mais parfois emphatique, et trop souvent dur et obscur, à force de concision.

Dominé par une philosophie morose, qui le rendait enclin à la misanthropie et au sarcasme, il traça des tableaux que Tacite lui-même n’aurait pas désavoués, mais d’une raideur et d’une sécheresse annonçant qu’en lui la simplicité ne gouvernait pas le talent de peindre. Cependant partout il se montra plein d’amour pour la justice, de respect pour la vertu, de mépris pour le luxe, et d’horreur pour la bassesse et la cruauté, dont il avait eu de si affreux exemples sous les yeux.

 
 
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